Deuxième journée de beau temps en plein mois de juillet, prions pour
que ça dure! Matinée toujours calme puisqu'aucune chirurgie n'est
prévue de toute la semaine... Cela dit, même si j'ai appris ici à
prendre mon mal en patience, une journée d'inactivité me déplait
toujours, et je décide sur un coup de tête d'avancer mon programme de
demain à aujourd'hui, pour profiter du beau temps. Mon programme de
demain était simple: vacciner à nouveau les poneys de Chowrasta et
faire un petit tour au salon de beauté pour "dompter la jungle".
Au moment de partir, je prends en vitesse une photo de 2 des 4 boucs
fraichement castrés (par Saila) qui s'en vont, encore titubants sous
l'effet de la xylazine.
Yoguesh ayant également des courses à faire en ville, nous partons vers
midi, en taxi collectif. Arrivés en ville, je lance mon programme de la
journée: première étape: MANGER! ça parait bête, mais en ce moment les
cuisiniers du refuge ont l'air particulièrement en manque
d'inspiration, donc j'ai faim! J'ai jeté mon dévolu sur un petit
restaurant conseillé par le Lonely Planet et où je n'étais pas encore
allée, à savoir le Big Bite. Il est pourtant très facile à trouver avec
sa devanture rose bonbon en plein Ladenla Road (à une centaine de
mètres de la poste). Je demande des idlis, mais ils n'en ont pas
aujourd'hui... Tant pis, va pour un masala dosa! Ce fut un excellent
choix, car ce masala dosa s'est révélé largement meilleur que celui
(déjà pas mauvais) que j'avais pu goûter au Frank Ross Café.
Croustillant et moelleux, épicé sans trop l'être, ce fut un vrai régal
pour les papilles!
Après un bref détour par le stand Airtel pour mon forfait (il faudra
que je pense à faire un article dessus), je me dirige vers un "beauty
parlour" qu'une amie indienne (Bidia) m'a recommandé. Je savais
d'avance qu'en Inde, les épilations ne concernaient que les jambes et
les aisselles, jamais le maillot (messieurs, poursuivez la lecture à la
prochaine photo!). Mais je n'en savais pas plus pour le déroulement
d'une séance d'épilation dans un salon indien. Alors, le contexte
l'exigeant et ma curiosité aidant, j'en ai poussé la porte. Une
esthéticienne m'a fait enfiler une sorte de robe courte (mi cuisse) et
très échancrée au niveau des bras, afin que je puisse me déshabiller
sans toutefois l'être trop. Puis elle m'a installée dans un fauteuil en
s'asseyant sur un tabouret en face de moi. La séance ressembla
vaguement à une séance dans un institut classique, à quelques détails
(amusants) près:
- le pot de cire ressemblait étrangement à un pot de peinture de Castorama
- les bandes de tissu n'étaient autre que... des morceaux de jeans!
- les indiennes ne doivent pas avoir la même notion du chaud que moi,
car chaque application de cire m'a soigneusement brulé un bout de peau!
Bref, à l'issue de la séance d'épilation des jambes, l'esthéticienne
m'a fait remarquer, l'air étonnée, que j'étais particulièrement
rouge... Hé oui madame, je suis blonde à peau claire... N'écoutant que
mon courage (hum), je lui demande de faire les aisselles dans la
foulée. A la fin de la séance, voulant découvrir la technique de
l'épilation au fil (que j'avais vu dans un magazine TV), je prétexte
quelques poils naissants pour demander à ce qu'on les enlève.
L'esthéticienne s'exécute et c'est assez impressionnant! Une simple
bobine de fil à coudre et pic, pic! Poil par poil, mais très
rapidement, elle fait place nette! Je lui ai bien demandé de répéter le
mouvement pour préparer le fil torsadé à épiler, mais je serais
incapable de le refaire!
(messieurs vous pouvez reprendre la lecture)
Cette étape peu agréable (enfin) finie, je reprends ma route direction
Chowrasta. Sur la route, je ne résiste pas à l'appel des samossas du
Unique, et je prendrai un délicieux Lassi à emporter par la même
occasion. Une adresse décidément très intéressante!
Sur la route je croise un stand d'en-cas salés apparemment très
appréciés des indiens. Je ne me rappelle plus du nom de ces en-cas,
mais ils se présentent sous la forme suivante: il faut percer une paroi
des coques (sur la droite dans le grand sac), puis garnir l'intérieur
d'un mélange (les petits tas du milieu) avant de le remplir d'un
liquide chaud (le liquide contenu dans le bidon de gauche. Autant les
deux premiers ingrédients paraissent alléchants, autant le dernier...
je n'ai pas trop confiance. Je ne suis pas tombée malade le premier
jour à Kalimpong quand Gopal m'en a fait goûter, mais je ne retenterais
pas l'expérience dans un stand dont je ne connais pas la salubrité.
Après un petit détour à la pharmacie pour acheter les doses de vaccin
anti-tétanique, je prépare mon petit stand de vaccination, pendant que
les soigneurs arrivent avec leurs poneys. Et autant la vaccination de
la dernière fois était un véritable capharnaüm, autant cette fois-ci,
j'ai pu apprécié la méthode et l'efficacité indienne, rare mais très
impressionnante quand elle se met en place! J'avais 2 vaccins à faire
par poney, le vaccin anti-rabique en sous-cutanée et le vaccin
anti-tétanique en intra-musculaire. Le problème consistait pour moi à
préparer les doses, et surtout ouvrir les flacons de vaccin
anti-tétanique, ce qui prend un temps fou car le verre est de mauvaise
qualité. Mais l'efficacité indienne a fait qu'un enfant m'ouvrait au
fur et à mesure les flacons, pendant qu'un jeune appelait les poneys un
par un, et cette fois-ci tous étaient très bien tenus. En moins d'une
demi-heure, tout le monde était vacciné!
(remarquez la petite taille des poneys, même moi je dois me baisser!)
(petit détail de la selle, vieillote mais joliment décorée, si j'ai bien compris ce sont des selles népalaises)
Au moment de vacciner Mousken, le petit bai brûlé qui m'avait fait une
scène digne d'une corrida la dernière fois, le soigneur me demande ce
qu'il peut faire pour son antérieur. Je baisse les yeux et...gloups!
Il y a des jours où je rêverais d'avoir un échographe à la place des
yeux... Comment faire un diagnotic sans aucun outil? Je le fais
marcher, boiterie très franche, 4 voire 4,5/5 au pas, et membre gonflé
du paturon jusqu'au coude. Le pauvre est même douloureux quand on palpe
l'épaule, et le fait savoir assez violemment! Donc petit tour demain
pour faire une piqure d'anti-inflammatoire! Je savais que j'aurais du
emmener de l'équipalazone, je le savais...
On termine par la gentille Jassi, celle dont j'avais paré les pieds la
dernière fois. Elle est à nouveau ferrée mais ses antérieurs sont
plutôt jolis.
En regardant cette photo je me dis qu'on peut penser que les soigneurs
portent du vrai "Diesel". Il faut savoir qu'en Inde, la contrefaçon est
très présente, même dans les boutiques spécialisées, la marque la plus
contrefaite étant "The North Face", surnommée alors "The North Fake"!
Mon programme de la journée fini, j'entame la deuxième partie, décidée
il y a à peine quelques heures, à savoir rejoindre les australiens, que
j'ai croisés par hasard dans la rue, autour d'un délicieux café frappé
dans le même café que la dernière fois. Ces gens sont décidément
charmants, peut-être un peu originaux sur les bords, mais très
intéressants, intéressés (dans le bon sens du terme évidemment) et
pleins de vie! Cette fois-ci, ils veulent que l'on reprenne une photo,
mais juste nous, avec la gérante de l'hôtel où ils séjournent
habituellement, l'hôtel Dekeling (recommandé par le Lonely Planet et
par plusieurs voyageurs que j'ai croisés). Remarquez d'ailleurs, petit
manque que je comble en dernière minute, que la gérante porte le robe
traditionnelle tibétaine (elle l'est), composé d'une robe longue sur
une chemise et d'un tablier rayé. Très joli, va très bien aux femmes
locales, mais me donne l'air atrocement bouffie les rares fois où j'ai
tenté de l'essayer!
Juste avant le café j'étais descendue par une rue parallèle de Ladenla
Road (je commence à connaitre ce coin comme ma poche!) et je suis enfin
entrée dans un petit magasin que j'avais repéré il y a longtemps, à
savoir des colliers, bracelets et boucles d'oreilles en perles. Ceux
qui me connaissent comprendront évidemment pourquoi je n'y suis pas
rentrée plus tôt. Cela dit, je pense que pour mes soeurs, cela fait un
joli souvenir! Je me permet de parler de ce magasin car il est à la
fois étonnament petit et fourni, il y a des centaines, que dis-je, des
milliers de colliers disponibles, une quantité inimaginables de boucles
d'oreilles et des assortiments à en faire tourner la tête. Le tout à
prix fixé, non marchandable. En demandant la raison à la vendeuse,
cette dernière m'a très gentiment expliqué qu'elle estimait que tout
travail méritait salaire, et que tout ce qui est vendu dans la boutique
est le fruit du travail de sa famille, et cela ne se marchande pas.
Original pour le coin, mais appréciable, d'autant plus que les prix
sont plus que raisonnables! Si vous voulez passer voir ce magasin
étonnant, il se situe dans NB Singh Road, proche de Clubside.
Dernier point de la journée, mais pas des moindres, une petite pause
germanique avec un jeune couple rencontré en sortant du Big Bite. Lui
est professeur de sport, elle est orthophoniste et tous deux traversent
l'Inde en amoureux. Je les avais abordés à l'entrée d'un magasin de
pashminas, voyant que le marchand essayait de leur refourguer une
écharpe en lapin en la faisant passer pour de la pashmina (poil de
chèvre rappellons-le). Je ne suis pas experte, mais j'ai appris à
reconnaitre les "pashminas" en lapin, et mon peu d'allemand restant de
l'école m'a permis de la mettre en garde discrètement. Le courant
passant bien, nous nous sommes donnés rendez-vous en fin d'après midi
devant le Beef Market pour prendre un thé/café/momos ensemble. Ce sera
la 3e option qui sera adoptée, dans un mini-restaurant où m'avait
entrainé dernièrement Yoguesh. Nous y discuterons de tout et de rien,
principalement de la culture indienne qui, et cela fait plaisir de se
rendre compte que je ne suis pas la seule, parait un peu tordue sur les
bords. Pour donner un autre exemple des libertés (perversités?) que se
permettent les indiens avec les femmes "blanches", une amie de la jeune
femme s'est faite mettre, en pleine rue à Delhi, la main entre les
cuisses alors qu'elle marchait! Effet pervers de la pudeur excessive
infligée par la culture indienne, qui fait que les européennes passent,
en comparaison, pour des filles faciles? Tout le monde en vient plus ou
moins à la même conclusion. Heureusement la discussion tournera autour
de sujets bien plus amusants dans un second temps, et après une rapide
balade dans Chowk Bazaar, nous devrons nous quitter dans la
précipitation, surpris par la nuit, synonyme pour moi de dernier taxi
pour Lebong!