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Les tribulations d'une jeune vétérinaire en Inde
Les tribulations d'une jeune vétérinaire en Inde
  • Jour après jour, le journal de bord d'une jeune vétérinaire qui, sitôt la thèse en poche, s'envole en Inde pour 2 mois d'humanitaire à Darjeeling et Kalimpong, dans le Bengal Occidental.
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29 juin 2010

29 juin 2010, retour morose à Darjeeling (again…)

Décidément, il faut croire que ce trajet Kalimpong-Darjeeling est maudit. En bonne cartésienne, je refuse de croire aux coïncidences, mais c’est la deuxième fois que je reviens de Kalimpong et un 2e chiot (la petite qui n’avait plus qu’un œil) vient de mourir subitement, exactement de la même manière de Lucy il y a 2 semaines, alors qu’elle allait parfaitement bien la veille.

Pour retracer le déroulement des événements, j’ai pris le taxi collectif à 10h à Motor Stand (le centre de Kalimpong où les voitures se bousculent). Nous sommes 12 dans la Jeep, et je confirme qu’il vaut mieux ne pas être trop « encombrant » quand on prend une place normale ! Le trajet démarre tranquillement et dans la bonne humeur, ma voisine de droite tient absolument à me faire goûter toutes les friandises qu’elle a emmené pour le trajet… friandises salées et épicées, il va s’en dire… Après m’être littéralement pyrolisé la bouche avec un pickle au gingembre (je ne l’ai su qu’après avoir croqué dedans…erreur fatale !), je me suis montrée plus prudente, et j’ai pris des minuscules bouchées de ce qu’elle me proposait. Néanmoins, il faut avouer que les grains de maïs grillés et épicés (légèrement, donc tout à fait supportable) sont vraiment excellents ! Tout comme les chips Lay’s au « Magic Masala » que m’a proposé mon voisin de droite !

Le voyage démarrait donc plutôt bien, mais au moment de traverser la Teesta, je reçois un message de Yoguesh : la petite chienne à un œil est donc morte, de la même manière que Lucy, des vomissements préalables en plus. Autrement dit, outre mon moral qui est descendu dans les chaussettes d’un coup, je sais qu’à mon arrivée l’ambiance sera extrêmement morose au refuge et que Catrina sera affectée, car c’était sa petite chienne préférée parmi les chiots du moment et qu’elle l’avait beaucoup soignée en mai.

Pour me changer les idées pendant le trajet, j’essaie de prendre quelques photos, mais en étant dans une des places du milieu, ce n’est pas évident…




A l’arrêt de mi-trajet, j’en profite pour prendre quelques photos de fleurs, malgré la brume









Juste pour vous montrer pourquoi les Jeep collectives, malgré les routes atroces, sont toujours d’une relative propreté : les chauffeurs passent leurs pauses à les nettoyer !


… et deux ptites poules qui dormaient pas loin !


A notre arrivée à Darjeeling, je remarque un léger détail : les grèves ont repris, mais uniquement entre 11h et 13h. Or nous arrivons à 12h45 à l’entrée de Darjeeling, il va donc falloir patienter 15 minutes avant de pouvoir faire redémarrer le moteur. Pour autant, nous n’atteindrons Chowk Bazaar, normalement à 5-10 minutes de route avec une circulation normale, qu’à presque 14h, bouchons obligent…
Dans les bouchons, je remarque alors une chienne sur le trottoir, elle a visiblement eu des chiots récemment et traine devant les étals de volailles. Persuadée qu’elle va se faire repousser, je l’observe… Mais en fait pas du tout, quelques secondes après son arrivée devant cet étal, le boucher ouvre la porte et lance à la chienne plusieurs « paquets » d’entrailles de volailles, qu’elle engloutit sans même mâcher. L’homme la regarde en souriant, puis referme sa porte et la chienne s’en va jusqu’à l’étal suivant…

Même si la photo est de mauvaise qualité, j’ai tenu à vous la montrer pour raconter ce petit détail de la journée, car le regard bienveillant de cet homme sur la chienne était vraiment touchant, et reflète bien la mentalité indienne, où toute vie est respectée et où la misère est adoucie par la solidarité et la bonté.

Nous arrivons donc à Chowk Bazaar, où je descends pour attendre Yoguesh et Subash qui viennent en voiture en ville pour quelques courses. Yoguesh ayant une course en particulier à faire à Ladenla Road, j’en profite pour monter vers Clubside et Nehru Road pour chercher mes photos imprimées par Das Studio (j’ai pu faire mes propres cartes postales grâce à eux, plus personnalisées et, cerise inattendue sur le gâteau, deux fois moins chères). En chemin, je croise une bouille familière.


Moi qui ai une tellement mauvaise mémoire des visages (humains), je le « remet » immédiatement : c’est le tout premier chien que j’ai opéré toute seule (reprise d’amputation où la plaie avait suppuré, voir l’article du 3 juin) !! Je jette un coup d’œil à sa plaie, elle est impeccable et le loulou a l’air en pleine forme, il me fait la fête et accepte avec grand plaisir les friandises au caramel de Lopchu Bazaar que je lui tends. Après une si mauvaise nouvelle ce matin et avant d’arriver dans une ambiance maussade, un petit rayon de soleil ne fait pas de mal ! Mon petit triple patte me suivra jusqu’au magasin photo en se couchant à l’entrée et en m’attendant, pour un peu, on aurait pu croire que c’était mon chien ! Au retour je fais un petit crochet, malgré le coup de fil pressé de Yoguesh, par un magasin pour lui acheter des biscuits, et je le quitterai pendant qu’il les mangera.

En retournant à la voiture, Yoguesh a deux « surprises » pour moi : d’abord une sorte de yahourt vraiment bizarre, avec probablement de la vanille et de la pistache dedans mais également plusieurs autres épices. Le gout est bon, sans plus, et la texture…particulière. C’est un peu comme si vous faisiez tremper des petits bouts de pain dans du lait…La 2e surprise me ravira davantage, ce sont deux samossas au poulet, mais environ 3 fois plus gros que ceux que j’ai eu l’occasion de tester en France, et bien plus délicats ! Le tout accompagné d’une sauce aigre-douce qui fait que je n’ai qu’une envie maintenant en me baladant dans Darjeeling : retrouver le marchand qui fait ces samossas !

L’arrivée au refuge sera, comme prévu, morose. Catrina est encore plus affectée que je ne le pensais, et elle me demande, à moitié en larmes, de bien vouloir autopsier la petite chienne. Evidemment j’accepte, même si l’idée de charcuter un chiot qu’il y a quelques jours encore je prenais dans mes bras pour la sieste ne me ravit guère… L’autopsie ne révèlera rien de particulier, quelques éléments potentiellement intéressants mais que je n’ai pas encore l’expérience pour interpréter, j’ai donc transmis à notre adorable professeur d’anatomie pathologique de Lyon qui, je l’espère, me répondra très vite pour nous orienter sur une piste. Pour l’instant, j’ai à peu près écarté la piste infectieuse, n’ayant trouvé aucune réaction inflammatoire à l’autopsie, mais la piste toxique prévoit d’être extrêmement compliquée à élucider car le refuge et son organisation ont justement été conçus (et récemment en plus) pour être « dog-proof » et « dog-safe »… néanmoins la possibilité d’une plante toxique ou d’un insecte ne peut pas être exclue, mais cela va nous rendre la tâche impossible… cela dit, il faut chercher, car si un 3e chiot vient à mourir dans les semaines qui viennent, je ne me le pardonnerai pas…

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