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Les tribulations d'une jeune vétérinaire en Inde
Les tribulations d'une jeune vétérinaire en Inde
  • Jour après jour, le journal de bord d'une jeune vétérinaire qui, sitôt la thèse en poche, s'envole en Inde pour 2 mois d'humanitaire à Darjeeling et Kalimpong, dans le Bengal Occidental.
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7 juillet 2010

6 juillet 2010, le moral remonte !


Hé oui la magie indienne fait son œuvre, une fois de plus ! Après une bien mauvaise passe il faut l’avouer, il semblerait que le bon côté des choses reprenne le dessus, et ce n’est pas pour me déplaire. Laissez-moi donc vous conter cette belle journée, qui n’a rien d’exceptionnel, je préviens de suite les amateurs de sensations fortes, mais qui est une série de petits bonheurs dont j’apprends à profiter au fur et à mesure de mon séjour ici.

Au réveil, petit déjeuner de tchapati, avec un dhal aux pois (mon préféré !), sous la pluie malheureusement. Pendant le petit déjeuner je persuade Yoguesh de m’emmener en ville pour que nous allions acheter les vaccins anti-tétaniques pour les poneys et que j’aille les vacciner dans la foulée. Yoguesh ayant des courses à faire en ville, cela tombe bien, et 30 minutes plus tard, nous voila partis.

Arrivés à la pharmacie, nous demandons à voir les vaccins pour humains. Ben oui, vous ne croyez quand même pas qu’on arriverait à se procurer des vaccins pour chevaux ? C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils n’auront qu’un vaccin anti-tétanique, non couplé à la grippe équine. Cela étant, les 14 chevaux ne voient jamais de congénères à part leurs « collègues », donc le risque est moindre. Je m’étais renseignée via les produits que l’on trouve en France, il nous fallait obtenir des doses de minimum 30 UI pour nos poneys. Cela tombe bien, les doses pour humain, ici (0,5ml), contiennent plus de 40 UI. Allez hop, j’en embarque 14 doses et direction Chowrasta, après avoir fait quelques petites courses sur le chemin.
Petit interlude, voici comment les araignées se protègent de la mousson ici.


Quelques couleurs de chemises « tibétaines »


Je croise la propriétaire des poneys, qui semble très contente de me voir, elle me remercie de m’occuper de ses poneys et me dit qu’elle les trouve mieux depuis la vermifugation (et là je me rends compte que j’ai oublié les derniers comprimés pour les poneys pas assez ronds à mon goût). Je prépare mon matériel et le soigneur de Jassi, la ponette bai claire (dun) m’aide à tenir les chevaux. Etonnamment, les poneys les plus compliqués pour la vermifugation seront les plus sympas pour le vaccin… et vice versa ! Don et Chiri me donneront beaucoup de fil à retordre… et 2 vaccins à racheter (quoiqu’à 10 roupies le vaccin, acheté au coin de la rue, ce n’est pas un drame).
La gentille Lovely, qui menace en couchant les oreilles mais ne met jamais à exécution…


Mais après quelques passes qui relevaient plus de la corrida que de l’acte vaccinal (merci Don pour ce moment inoubliable sur un carrelage rendu glissant par le crottin délité…), tout ce petit monde est vacciné, rendez-vous dans 4 semaines pour le rappel et le vaccin antirabique ! Je rejoins Yoguesh au Frank Ross Café, non sans avoir croisé un groupe de français auparavant ! Après un repas d’Inde du Sud (et encore deux vadas, décidément ces beignets de lentilles sont vraiment très agréables), nous nous re-séparons, moi pour visiter la ville, éventuellement en compagnie des français (mais ils n’appelleront pas, donc ça sera seule), et Yoguesh pour signer un papier important, chose apparemment très compliquée en Inde puisque cela fait 2 semaines qu’il se bat pour obtenir UNE signature sur un document très simple. L’administration…en Inde… ça se passe de commentaires…

Je retourne donc à Chowrasta, ne sachant pas trop quoi faire. Je retombe évidemment sur mes petits poneys, et en discutant avec le soigneur de Diamond, je me dis que quite à ne rien faire cet après-midi, autant m’occuper un peu de leurs pieds. Idée honorable, en théorie… Je nettoie un peu à la rainette (mon seul outil) les lacunes de Diamond, mais rien de bien effrayant, des pieds pas parfaits mais corrects… Je décide néanmoins, dans un zèle que je regretterai assez vite, de m’attaquer aux pieds de Jassi, car ses fers sont usés jusqu’à … ben jusqu’à la corne. J’ai pris la photo exprès pour mon maréchal, je pense qu’il rigolera bien. Avec l’aide du soigneur, qui avec une pince est censé sortir les clous par leur tête (il le fait par l’autre bout, heureusement que ces clous sont ductiles et n’explosent pas la corne !) et avec une autre pince couper la paroi en trop… Bon, tout se fera avec la même pince, et on passera sur le fait qu’il arrachera plus qu’il ne coupera la corne, mais bon, le résultat est là, 2 petits cm en moins sur les minis-babouches de Jassi… c’est ridicule quand j’y pense, mais j’étais tellement en nage (moi je jouais de la rainette avant et après) et mon dos criait « pitié » à la fin des deux antérieurs que j’ai arrêté et je suis partie me promener en ville, laissant derrière moi le groupe de badauds qui s’était formé pour regarder « la pro à l’œuvre » (tu parles…).

Avant


Après


(les photos font un peu peur, j’admet, mais en réalité c’était bien moins effrayant)

J’ai alors voulu, et ça ce n’était encore pas l’idée du siècle, aller voir le Bhutia Busty Gompa, un monastère bouddhique « un peu » en contrebas de Chowrasta. Si la descente ne fut pas spécialement agréable car j’essayais de me rafraîchir et le fait de marcher n’aidait pas vraiment, la remontée s’annonçait bien plus pénible…
Le jardin d’un hôtel, en passant


La vue sur l’autre versant de la vallée, avec la descente à pic sous mes pieds


Un poussin d’une race de poules « ébouriffées »… ou l’équivalent d’Apu chez les volailles !


Enfin, le Buthia Busty Gompa est en vue…



L’entrée, très colorée




Les drapeaux bouddhiques, omniprésents


La façade du Gompa


Ce dernier est entouré de 108 moulins à prière, m’expliquera le lama, qui par la suite m’ouvrira l’intérieur du Gompa, où les photos sont interdites, mais après discussion avec le lama, c’est à cause du flash. Je prendrai donc quelques photos, sans flash, mais je les posterai à part, demain ou lors d’une prochaine grève !


Les Bouddhas du passé, du présent et du futur



La remontée sera donc comme je m’y attendais, longue et pénible. Je rêve d’un banc où m’allonger pour faire la sieste, mais la pluie viendra contrecarrer mes projets. Alors je marche lentement, mais sûrement, vers le centre-ville. Je croise en chemin un jeune chien en train de fouiller dans les poubelles. La photo est intéressante pour plusieurs raisons :
- Vous pouvez « admirer » la propreté de certains trottoirs de Darjeeling
- Notez que la porte totalement rouillée est censée fermer l’espace où, justement, les déchets sont censés être stockés
- Notez également l’état du chien, fin mais tout à fait bien portant
- Notez enfin à l’extrême droite de la photo un tas blanc : c’est un tas de riz avec du dhal apparemment… le chien fouille donc les poubelles plus par gourmandise que par faim !


Cet étrange mais rassurant constat se poursuivra à Chowrasta, où je décide de faire une pause sur un banc. Je suis vite rejointe par une jolie chienne (stérilisée si j’en crois sa marque à l’oreille) qui me réclame des câlins, mais aussi évidemment à manger. Bonne pâte, je décide de partager avec elle les samossas que j’avais achetés en fin de matinée. Tout chien errant affamé se serait jeté dessus comme la misère sur le monde. Mais ici, non. La chienne renifle pendant bien 2 minutes, d’un air circonspect, « je sais pas, peut-être que oui, peut-être que non, t’as pas autre chose, t’es sûr ? »… Bref, la fine bouche, quoi… Ce n’est qu’après un minutieux examen de ce samossa qu’elle daignera en manger la croûte, sans se presser, et laissant ainsi la farce par terre. Sur ce, une autre chienne s’approche, intéressée par les restes par terre… mais pareil, la farce ne semble pas assez intéressante à son goût et elle passera son chemin. Ce n’est que la 3e chienne qui daignera bien manger la farce, mais toujours sans se presser, et non sans m’avoir réclamé autre chose auparavant. Mais elle était tellement câline et douce qu’on lui pardonnerait tous les caprices…

La fatigue se faisant sentir, je décide de rentrer à Lebong, je cherche donc à rejoindre Chowk Bazaar. Mais en arrivant à Chowk Bazaar, l’envie de s’engouffrer dans ces ruelles étroites et pleines de surprises est plus forte que la fatigue et je fais un petit crochet sympathique. J’y trouverai notamment ce bel étal de bracelets, initialement prévus pour être portés avec un sari, mais que toute femme indienne un peu coquette arbore en permanence (cela dit, elles arborent aussi très souvent des saris, donc bon…).


Je trouverai également pour moi une jolie pashmina mélangée de soie, assez passe-partout et extrêmement douce. Je remarque pour l’occasion que je commence à maîtriser l’art du marchandage !

J’arrive donc à la station de taxis, où il ne reste qu’une seule place dans la voiture prête à partir, juste à côté du chauffeur. Tant pis, ce n’est pas bien grave, ça ne me dérange pas. Mais le chauffeur demandera à un homme de me céder sa place dans la 2e rangée et de venir se mettre à côté de lui (on case 4 personnes de front dans un taxi en Inde, pour rappel). Après avoir vu le chauffeur attraper le levier de vitesse en passant la main par-dessus les cuisses de l’homme qui a pris ma place, je comprends la délicatesse du chauffeur et l’en remercie silencieusement. Durant le trajet, le soleil s’est levé sur une partie de Lebong et le Sikkim, mais les photos seront difficiles à prendre sur la route en raison des obstacles à la vue (maison, clôtures, arbres…)





Je descends alors la rue menant au refuge, et croise en chemin (je suis toujours l’attraction dans la rue, les femmes adorent dire à leurs enfants de me dire « Hello ») une dame et son fils, qui semblent ravis que je les prenne en photo.


Au refuge, tous les hommes et garçons seront en pleine partie de foot, et avec Catrina nous nous asseyons en les observant pour déguster des pâtisseries achetées à Chowk Bazaar… Aucun doute, ils n’ont pas la main légère ni sur le sucre dans les gâteaux, ni sur les épices dans leurs plats, mais décidément, avec un peu de soleil, de bonne humeur et quelques sourires en poche, l’Inde est un pays fascinant !

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