6 juillet 2010, le moral remonte !
Hé oui la magie indienne fait son œuvre, une fois de plus ! Après une
bien mauvaise passe il faut l’avouer, il semblerait que le bon côté des
choses reprenne le dessus, et ce n’est pas pour me déplaire.
Laissez-moi donc vous conter cette belle journée, qui n’a rien
d’exceptionnel, je préviens de suite les amateurs de sensations fortes,
mais qui est une série de petits bonheurs dont j’apprends à profiter au
fur et à mesure de mon séjour ici.
Au réveil, petit déjeuner de tchapati, avec un dhal aux pois (mon
préféré !), sous la pluie malheureusement. Pendant le petit déjeuner je
persuade Yoguesh de m’emmener en ville pour que nous allions acheter
les vaccins anti-tétaniques pour les poneys et que j’aille les vacciner
dans la foulée. Yoguesh ayant des courses à faire en ville, cela tombe
bien, et 30 minutes plus tard, nous voila partis.
Arrivés à la pharmacie, nous demandons à voir les vaccins pour humains.
Ben oui, vous ne croyez quand même pas qu’on arriverait à se procurer
des vaccins pour chevaux ? C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils
n’auront qu’un vaccin anti-tétanique, non couplé à la grippe équine.
Cela étant, les 14 chevaux ne voient jamais de congénères à part leurs
« collègues », donc le risque est moindre. Je m’étais renseignée via
les produits que l’on trouve en France, il nous fallait obtenir des
doses de minimum 30 UI pour nos poneys. Cela tombe bien, les doses pour
humain, ici (0,5ml), contiennent plus de 40 UI. Allez hop, j’en
embarque 14 doses et direction Chowrasta, après avoir fait quelques
petites courses sur le chemin.
Petit interlude, voici comment les araignées se protègent de la mousson ici.
Quelques couleurs de chemises « tibétaines »
Je croise la propriétaire des poneys, qui semble très contente de me
voir, elle me remercie de m’occuper de ses poneys et me dit qu’elle les
trouve mieux depuis la vermifugation (et là je me rends compte que j’ai
oublié les derniers comprimés pour les poneys pas assez ronds à mon
goût). Je prépare mon matériel et le soigneur de Jassi, la ponette bai
claire (dun) m’aide à tenir les chevaux. Etonnamment, les poneys les
plus compliqués pour la vermifugation seront les plus sympas pour le
vaccin… et vice versa ! Don et Chiri me donneront beaucoup de fil à
retordre… et 2 vaccins à racheter (quoiqu’à 10 roupies le vaccin,
acheté au coin de la rue, ce n’est pas un drame).
La gentille Lovely, qui menace en couchant les oreilles mais ne met jamais à exécution…
Mais après quelques passes qui relevaient plus de la corrida que de
l’acte vaccinal (merci Don pour ce moment inoubliable sur un carrelage
rendu glissant par le crottin délité…), tout ce petit monde est
vacciné, rendez-vous dans 4 semaines pour le rappel et le vaccin
antirabique ! Je rejoins Yoguesh au Frank Ross Café, non sans avoir
croisé un groupe de français auparavant ! Après un repas d’Inde du Sud
(et encore deux vadas, décidément ces beignets de lentilles sont
vraiment très agréables), nous nous re-séparons, moi pour visiter la
ville, éventuellement en compagnie des français (mais ils n’appelleront
pas, donc ça sera seule), et Yoguesh pour signer un papier important,
chose apparemment très compliquée en Inde puisque cela fait 2 semaines
qu’il se bat pour obtenir UNE signature sur un document très simple.
L’administration…en Inde… ça se passe de commentaires…
Je retourne donc à Chowrasta, ne sachant pas trop quoi faire. Je
retombe évidemment sur mes petits poneys, et en discutant avec le
soigneur de Diamond, je me dis que quite à ne rien faire cet
après-midi, autant m’occuper un peu de leurs pieds. Idée honorable, en
théorie… Je nettoie un peu à la rainette (mon seul outil) les lacunes
de Diamond, mais rien de bien effrayant, des pieds pas parfaits mais
corrects… Je décide néanmoins, dans un zèle que je regretterai assez
vite, de m’attaquer aux pieds de Jassi, car ses fers sont usés jusqu’à
… ben jusqu’à la corne. J’ai pris la photo exprès pour mon maréchal, je
pense qu’il rigolera bien. Avec l’aide du soigneur, qui avec une pince
est censé sortir les clous par leur tête (il le fait par l’autre bout,
heureusement que ces clous sont ductiles et n’explosent pas la corne !)
et avec une autre pince couper la paroi en trop… Bon, tout se fera avec
la même pince, et on passera sur le fait qu’il arrachera plus qu’il ne
coupera la corne, mais bon, le résultat est là, 2 petits cm en moins
sur les minis-babouches de Jassi… c’est ridicule quand j’y pense, mais
j’étais tellement en nage (moi je jouais de la rainette avant et après)
et mon dos criait « pitié » à la fin des deux antérieurs que j’ai
arrêté et je suis partie me promener en ville, laissant derrière moi le
groupe de badauds qui s’était formé pour regarder « la pro à l’œuvre »
(tu parles…).
Avant
Après
(les photos font un peu peur, j’admet, mais en réalité c’était bien moins effrayant)
J’ai alors voulu, et ça ce n’était encore pas l’idée du siècle, aller
voir le Bhutia Busty Gompa, un monastère bouddhique « un peu » en
contrebas de Chowrasta. Si la descente ne fut pas spécialement agréable
car j’essayais de me rafraîchir et le fait de marcher n’aidait pas
vraiment, la remontée s’annonçait bien plus pénible…
Le jardin d’un hôtel, en passant
La vue sur l’autre versant de la vallée, avec la descente à pic sous mes pieds
Un poussin d’une race de poules « ébouriffées »… ou l’équivalent d’Apu chez les volailles !
Enfin, le Buthia Busty Gompa est en vue…
L’entrée, très colorée
Les drapeaux bouddhiques, omniprésents
La façade du Gompa
Ce dernier est entouré de 108 moulins à prière, m’expliquera le lama,
qui par la suite m’ouvrira l’intérieur du Gompa, où les photos sont
interdites, mais après discussion avec le lama, c’est à cause du flash.
Je prendrai donc quelques photos, sans flash, mais je les posterai à
part, demain ou lors d’une prochaine grève !
Les Bouddhas du passé, du présent et du futur
La remontée sera donc comme je m’y attendais, longue et pénible. Je
rêve d’un banc où m’allonger pour faire la sieste, mais la pluie
viendra contrecarrer mes projets. Alors je marche lentement, mais
sûrement, vers le centre-ville. Je croise en chemin un jeune chien en
train de fouiller dans les poubelles. La photo est intéressante pour
plusieurs raisons :
- Vous pouvez « admirer » la propreté de certains trottoirs de Darjeeling
- Notez que la porte totalement rouillée est censée fermer l’espace où, justement, les déchets sont censés être stockés
- Notez également l’état du chien, fin mais tout à fait bien portant
- Notez enfin à l’extrême droite de la photo un tas blanc : c’est un
tas de riz avec du dhal apparemment… le chien fouille donc les
poubelles plus par gourmandise que par faim !
Cet étrange mais rassurant constat se poursuivra à Chowrasta, où je
décide de faire une pause sur un banc. Je suis vite rejointe par une
jolie chienne (stérilisée si j’en crois sa marque à l’oreille) qui me
réclame des câlins, mais aussi évidemment à manger. Bonne pâte, je
décide de partager avec elle les samossas que j’avais achetés en fin de
matinée. Tout chien errant affamé se serait jeté dessus comme la misère
sur le monde. Mais ici, non. La chienne renifle pendant bien 2 minutes,
d’un air circonspect, « je sais pas, peut-être que oui, peut-être que
non, t’as pas autre chose, t’es sûr ? »… Bref, la fine bouche, quoi… Ce
n’est qu’après un minutieux examen de ce samossa qu’elle daignera en
manger la croûte, sans se presser, et laissant ainsi la farce par
terre. Sur ce, une autre chienne s’approche, intéressée par les restes
par terre… mais pareil, la farce ne semble pas assez intéressante à son
goût et elle passera son chemin. Ce n’est que la 3e chienne qui
daignera bien manger la farce, mais toujours sans se presser, et non
sans m’avoir réclamé autre chose auparavant. Mais elle était tellement
câline et douce qu’on lui pardonnerait tous les caprices…
La fatigue se faisant sentir, je décide de rentrer à Lebong, je cherche
donc à rejoindre Chowk Bazaar. Mais en arrivant à Chowk Bazaar, l’envie
de s’engouffrer dans ces ruelles étroites et pleines de surprises est
plus forte que la fatigue et je fais un petit crochet sympathique. J’y
trouverai notamment ce bel étal de bracelets, initialement prévus pour
être portés avec un sari, mais que toute femme indienne un peu coquette
arbore en permanence (cela dit, elles arborent aussi très souvent des
saris, donc bon…).
Je trouverai également pour moi une jolie pashmina mélangée de soie,
assez passe-partout et extrêmement douce. Je remarque pour l’occasion
que je commence à maîtriser l’art du marchandage !
J’arrive donc à la station de taxis, où il ne reste qu’une seule place
dans la voiture prête à partir, juste à côté du chauffeur. Tant pis, ce
n’est pas bien grave, ça ne me dérange pas. Mais le chauffeur demandera
à un homme de me céder sa place dans la 2e rangée et de venir se mettre
à côté de lui (on case 4 personnes de front dans un taxi en Inde, pour
rappel). Après avoir vu le chauffeur attraper le levier de vitesse en
passant la main par-dessus les cuisses de l’homme qui a pris ma place,
je comprends la délicatesse du chauffeur et l’en remercie
silencieusement. Durant le trajet, le soleil s’est levé sur une partie
de Lebong et le Sikkim, mais les photos seront difficiles à prendre sur
la route en raison des obstacles à la vue (maison, clôtures, arbres…)
Je descends alors la rue menant au refuge, et croise en chemin (je suis
toujours l’attraction dans la rue, les femmes adorent dire à leurs
enfants de me dire « Hello ») une dame et son fils, qui semblent ravis
que je les prenne en photo.
Au refuge, tous les hommes et garçons seront en pleine partie de foot,
et avec Catrina nous nous asseyons en les observant pour déguster des
pâtisseries achetées à Chowk Bazaar… Aucun doute, ils n’ont pas la main
légère ni sur le sucre dans les gâteaux, ni sur les épices dans leurs
plats, mais décidément, avec un peu de soleil, de bonne humeur et
quelques sourires en poche, l’Inde est un pays fascinant !