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Les tribulations d'une jeune vétérinaire en Inde
Les tribulations d'une jeune vétérinaire en Inde
  • Jour après jour, le journal de bord d'une jeune vétérinaire qui, sitôt la thèse en poche, s'envole en Inde pour 2 mois d'humanitaire à Darjeeling et Kalimpong, dans le Bengal Occidental.
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24 juillet 2010

24 juillet 2010, derniers achats en ville


La fin de mon séjour approche, c’était là mon dernier samedi en ville (seule !). Il ne fut pas pour autant monotone, comme vous pourrez le voir, ou plutôt le lire !
Matinée bien sympathique et chargée, puisqu’en moins de 2 heures, nous avons fait 6 chiennes, 1 chien et 2 boucs. Et encore, j’ai un peu trainé sur les boucs, pas trop l’habitude encore… Mais j’arrive désormais à enchainer 6 chiennes sans avoir besoin d’une sucette pour éviter l’hypoglycémie, comme quoi, j’ai bel et bien progressé ! Catrina a d’ailleurs gentiment pris une vidéo d’une stérilisation, la 6e en l’occurrence, du début (préparation de la chienne) à la fin (gestion de la plaie opératoire), agrémentée d’un magnifique discours pendant la chirurgie où j’explique chaque étape en détail. On m’avait fait remarquer que sur la vidéo précédente j’étais quelque peu laconique, cela sera réparé sous peu (dès que j’aurai une connexion décente bien évidemment) et j’entends déjà dire « toujours aussi bavarde celle-là ! ». Mais que voulez-vous, pour une fois que j’avais l’occasion de parler français !

A ce sujet, j’exagère, car j’ai eu l’occasion de parler français ce matin, avec un propriétaire indien qui venait parce que son chiot semblait avoir avalé un os de poulet et n’arrivait pas à manger correctement. Au final on n’a rien trouvé, mais le propriétaire est resté discuter un peu avec Catrina, et a demandé à me parler car il avait eu quelques cours de français. Entre deux chirurgies, je suis donc allée le voir, et il m’a parlé un français plutôt impressionnant ! Evidemment, ce n’était pas un discours alambiqué et je me suis appliquée à parler lentement et en utilisant des mots simples, mais il n’avait que très peu d’accent et compris tout ce que je disais, car il y répondait sans fausse note. Le plus impressionnant dans l’affaire, c’est qu’il avait eu ces cours de français à Katmandou (Népal)… il y a 25 ans ! Si seulement je pouvais parler aussi bien allemand…

Après les chirurgies, j’avais rendez-vous avec un ami de Yoguesh en ville pour discuter de mon périple dans le Sikkim dans 10 jours. J’ai d’abord cru qu’il s’agissait de l’oncle de Yoguesh (qui est également tour operator), puis au moment d’y aller le vétérinaire m’annonce que c’est son frère… ah, j’avais mal compris ? Catrina me rassure : Yoguesh n’a pas de frère. Gné ??? En réalité, ici on appelle très facilement un ami « frère », et il se trouve que Yoguesh et Robi (c’est son nom) sont apparemment cousins éloignés. Mais d’après Catrina, si on y regarde de plus près, Yoguesh doit être cousin plus ou moins éloigné avec la moitié de Darjeeling. Et d’après Yoguesh, si je dis à Robi qu’il est le cousin ou l’ami de Yoguesh, il risque de se vexer… Décidément, tout ce qui touche à la famille est bien compliqué…

Nous nous donnons donc rendez-vous à Clubside et allons dans un petit restaurant tibétain, sur Gandhi Road, juste en face de la stèle commémorant le chef politique gorkha abattu le 21 mai dernier. Je lui montre le planning que j’ai prévu pour les 15 jours et commence à lui poser ma liste de questions. Un point principal ressort de cette conversation : selon lui, il est impossible d’aller dans le Nord du Sikkim seuls, sans tour operator, et pour 2 nuits (et 3 jours) là bas, il me faut donc faire appel à lui… pour la modique somme de 17000 roupies (presque 300€) pour 2 personnes. Evidemment, si nous étions 5 ce serait plus intéressant puisque nous devons louer une voiture avec chauffeur (enfin, soi-disant guide, mais à part pour les traductions, il ne faut pas en attendre grand-chose, dixit le Lonely Planet). Donc à voir…

Pendant notre repas (enfin, mon repas, puisque malgré le fait que nous étions censés nous rencontrer pour le lunch, il avait déjà mangé), un bruit de plus en plus important monte de la rue, de Clubside, juste en contrebas. Nous sortons pour voir, et c’est visiblement une manifestation du GJMM comme il y en a beaucoup en ce moment, m’explique Robi. Fait étonnant, il n’y a que des femmes dans le cortège, mais personne ne m’expliquera pourquoi en des termes compréhensibles (comme quoi la langue de bois, ça marche même en anglais en Inde).



Le repas fini, je prends congé de Robi et reprends, une fois de plus, et peut-être la dernière, mes pérégrinations en ville. Je commencerai par chercher un samossa à The Unique, car les momos du restaurant, non contents d’être très chers comparés aux autres restaurants où j’ai pu aller (85 roupies + 12,5% de taxes, alors que dans le premier restaurant où m’avait emmené Yoguesh, c’était 40 roupies), n’étaient pas très bons. Je descends donc vers Chowk Bazaar, non sans rencontrer des personnages étonnants en chemin :
Un homme vêtu d’orange et portant un trident. Yoguesh m’avait expliqué que c’étaient des moines ou quelque chose dans le genre, mais je vais devoir lui redemander


Une femme vendant des épis de maïs grillés, comme on en voit beaucoup le long des grandes artères touristiques (ici sur Nehru Road)


Une fois arrivée dans Chowk Bazaar, je n’ai pas grand-chose à acheter, si ce n’est du thé Makaibari (excellente marque, bio et équitable), dont je prendrai 500g de chaque sorte (noir et vert). Pour information, ce thé de très bonne qualité (ma testeuse personnelle (môman !) l’a gouté et approuvé) revient donc, en moyenne, à moins de 600 roupies le kilo soit, en conversion actuelle, 10€/kg. Incomparable avec les tarifs pratiqués en France, évidemment.

Au détour d’un étal, et toujours à la recherche de photos originales, je tombe sur ça : qu’est-ce selon vous ? (réponse sous l’image)




Du poisson séché ! Bon, j’avoue, avec l’odeur c’était beaucoup plus facile à deviner ! Et je comprends, en voyant la tête des crevettes séchées, pourquoi j’ai détesté le repas de jeudi soir…

Ne voulant pas repartir d’Inde sans avoir une réserve d’encens au bois de santal pour au moins 3 ans, je retourne voir le marchand chez qui j’avais acheté ma première boite et qui m’avait gentiment prodigué des conseils vis-à-vis des sangsues. Je repartirai avec 2 boites de 100 bâtons (rien que ça !) et une petite boite de cônes d’encens, offerts par la maison !


Il me reste encore 2 choses à acheter pour finir de remplir ma valise : un châle tibétain pour ma grand-mère, et du thé de Lebong Road. Je reprends donc un taxi collectif pour Lebong, en m’arrêtant au niveau des baraques à thé (ça fait presque « baraque à frites » dit comme ça !), juste en dessous du Tibetan Self Help Refugee Center. Cette fois-ci, le centre semble presque vide, aucun touriste à l’horizon, mais des enfants jouant au basket. Je leur demande gentiment (en anglais car ici ils ne parlent pas népali mais tibétain) si je peux les prendre en photo et ils se prêtent au jeu avec de grands sourires, allant même jusqu’à changer d’endroit pour avoir un meilleur arrière plan, le grand du milieu plaçant les petits devant comme pour la photo de classe, c’était très amusant !



Le châle acheté, je discute un peu avec les vendeuses de la culture tibétaine et de leurs relations avec les gens de Darjeeling, qui sont, apparemment, plus fraternelles que ce que le monsieur m’avait raconté la dernière fois. Alors, qui croire ? Je décide alors d’aller voir, pour une fois, le petit temple du centre. Juste en face de l’entrée, il y a encore de jolis rouleaux de prière


Et pour une fois, étant seule dans une salle de prière, j’ai pu en profiter pour prendre des photos…avec flash ! (ce n’était pas interdit apparemment). Malheureusement difficile de rendre compte d’une pièce assez petite, trop grande pour être photographiée en entier et trop petite pour s’éloigner pour avoir une vue d’ensemble…



En repartant du refuge, je remarque sur le toit d’un des ateliers… de la laine, en train d’être lavée par la pluie probablement ?


Je redescends donc sur Lebong Road, y achète mes sachets de thé et prend quelques photos le long de la route vers le refuge. Un détail m’attriste, en contrebas de la route, alors que nous sommes presque en pleine nature : un vrai dépotoir à ciel ouvert, assez proche d’un ruisseau en plus, dans lequel un chien fouille pour trouver à manger. Pour une fois ce n’est pas tant le chien qui m’attriste mais la vision de cette nature souillée, de cet irrespect de l’environnement, que tant d’autres français avant moi avaient déjà soulignés.


Après une partie dans la brume…


… et quelques jolies fleurs blanches…


… la route laisse place à un peu de soleil, et de jolies vues sur les collines du Sikkim.



Cependant, je n’ai pas passé cette petite demi-heure de marche à prendre uniquement des photos. Je l’ai surtout passée au téléphone avec Bénédicte, la française expatriée (cloitrée ?) à Siliguri. Entre de nombreuses discussions, fortes intéressantes mais qu’il serait impossible de relater ici car je me choperais une tendinite des doigts (par contre la tendinite de la langue ne nous guette pas visiblement !), elle me fait une petite explication de texte concernant la photo que j’avais postée le 21 juillet dernier, avec le groupe d’indiens du Punjab.


Ce que j’avais pris pour une accolade amicale de la part de l’indien à ma gauche n’était en fait, de son point de vue, pas si innocent que cela. En effet, l’australienne, elle, n’a pas droit à ce genre de familiarité, car elle est plus âgée, mariée ET accompagnée de son mari. D’après Bénédicte, qui l’a découvert à ses dépens, ce que cet homme s’est permis avec moi, il n’aurait jamais osé le faire avec une indienne ou avec l’australienne, car ce geste, du point de vue d’un indien, est déjà en quelque sorte un attouchement, et le fait que je l’accepte fait de moi, par conséquent, une « fille facile ». Visiblement c’est l’opinion qu’ils ont des Occidentales, car, pour nous, ce genre de geste ne porte absolument pas à conséquence. Mais autant dans cette situation, à un café avec un couple d’Occidentaux plus âgés que moi, à Darjeeling (= ville relativement occidentalisée par rapport à une ville comme Siliguri), ça ne porte pas à conséquence en terme d’actes, autant à Siliguri, je me serais peut-être faite agresser derrière… Bon à savoir, et même si ce n’est guère joyeux, je pense que cela vaut la peine de le relater ici, pour que d’autres ne fassent pas la même erreur que moi (ceci est valable pour presque toute l’Inde, dixit Bénédicte).

De retour au refuge, et toujours au téléphone, nous voyons ensemble la nuit tomber sur les collines (pour moi) et la plaine (pour elle), et nous nous quittons, en préparant notre soirée « entre françaises » vendredi prochain. Evidemment, une soirée au refuge ne serait pas complète sans une longue coupure d’électricité, pendant laquelle j’en profite pour monter sur le toit-terrasse, pour observer la Lune de ce soir, qui illumine les collines avoisinantes d’une lumière blafarde et douce à la fois… un joli moment, plein de poésie, qui aurait pu l’être encore plus si Chester (qui s’est décidément beaucoup attaché à moi) n’était pas venu le rompre en m’invitant à jouer. Qu’à cela ne tienne, Moskau dans les oreilles (les amateurs apprécieront le décalage), c’est parti pour une séance de « jeux » à la Chester : il s’agit d’y aller tout en douceur sinon il s’effraie, donc ça vire plus aux caresses-gratouilles-taquineries. Heureusement Tigbee, le « bourrin » du groupe, s’en mêle et ça finit en vraie partie de jeux, mais entre chiens désormais.

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