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Les tribulations d'une jeune vétérinaire en Inde
Les tribulations d'une jeune vétérinaire en Inde
  • Jour après jour, le journal de bord d'une jeune vétérinaire qui, sitôt la thèse en poche, s'envole en Inde pour 2 mois d'humanitaire à Darjeeling et Kalimpong, dans le Bengal Occidental.
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16 juin 2010

16 juin 2010, soins aux poneys et chirurgie compliquée…

Grosse journée aujourd’hui ! Quoique je me rends compte que la définition indienne d’une « grosse journée » n’a pas grand-chose à voir avec la définition français… mais passons.
Ce matin, pas de stérilisations pour moi, mais rendez-vous à 10h à Chowrasta pour discuter avec la propriétaire des 14 poneys et les vermifuger, si elle l’accepte. Et effectivement, elle nous donne son accord sans restriction. Les poneys sont déjà dehors, en train de promener les enfants, il va falloir faire au fur et à mesure, me dis-je. Que nenni ! Je commence à peine à me diriger vers les écuries que les soigneurs arrivent tous les uns après les autres avec leurs chevaux, impatients de les vermifuger !

Cela dit, faire avaler un bolus de fenbendazole, vue la taille du bolus (5cm de long environ), me semble assez risqué avec un cheval. Ayant déjà à la maison un grand machin de 600kg pas facile à vermifuger, j’imagine que la tâche va être compliquée si les poneys ne sont pas coopératifs… Vient alors le choix du « bonbon » pour enrober les bolus. Tout le monde me déconseille fortement les pommes (en effet, ce n’est pas du tout la saison et elles sont à plus de 170rp le kilo, soit plus cher qu’en France !), j’essaie donc les bananes sur ce gentil petit palomino, moyennement concluant.

Un soigneur vient alors me dire qu’il ne faut pas donner de bananes aux juments, que ce n’est pas bon. Soit, je n’ai pas envie de batailler avec eux, on se rabattra sur les nans (sortes de brioches) à la place.

Je commence alors à les vermifuger un par un, en leur fourrant le comprimé dans le bec le plus profondément possible (c'est-à-dire pas bien loin, à peine plus que les barres), entouré d’un peu de brioche, puis je leur propose de la brioche pour les inciter à déglutir. La tâche se révèlera plus ou moins évidente selon les poneys, les plus compliqués étant les 4 alezans.

Ci-dessous, avec  Peara, qui a bien mis 10 minutes à capituler, alors que son pote Mousken, le bai brûlé, n’a pas opposé de résistance.



Néanmoins je ne pense pas que les poneys gardent un mauvais souvenir de cette vermifugation, car au final chacun a eu droit à un nan complet !

Au fur et à mesure que je « bataille » avec mes alezans, tous les soigneurs se pressent pour prendre un bolus et un nan pour vermifuger eux-mêmes leurs chevaux, ce qui fait que sur 14 poneys, j’ai du en vermifuger moi-même 6 ou 7 maximum. Ils se sont plutôt bien débrouillés, il n’y a guère que Pinki et Jamina (des alezans, encore une fois !) qui ont réussi à filouter et que j’ai du reprendre par derrière.

Ces poneys ont d’ailleurs chacun un nom, je vais vous les donner un par un (sauf le palomino qui a été le premier et que j’ai répertorié sous « palomino »), les soigneurs étaient d’ailleurs très fiers de me dire le nom de « leur » poney :

Les alezans : Péara (liste blanche), Tinka (crins lavés), Pinki, Jamina
Les gris: Diamond, Sweety, Snow White, Tassi
Les bais: Mousken (bai brun), Chiri, Black Beauty (bai brun très foncé), Jassi (dun), Don (bai brun)

Une fois tous les poneys vermifugés et les nans engloutis (à la fin, manquant de nan, je me rabattais sur de l’herbe que je leur fourrais littéralement dans le bec, Jamina n’a pas spécialement apprécié cette « intrusion » !), les soigneurs sont venus me demander si je pouvais également examiner certains chevaux, notamment Jassi et le palomino car ils toussent. Si la toux de Jassi ne semble pas inquiétante (provient très probablement de l’appareil respiratoire supérieur et non déclenchable à la palpation), celle du petit palomino m’inquiète un peu plus, car après un simple aller retour au trot, il a eu une quinte de toux. Malheureusement, n’ayant pas de stéthoscope à ce moment-là sous la main, je ne peux rien faire d’autre. Je reviendrai donc demain avec le matériel approprié pour examiner ça dans la mesure du possible.


Je leur propose enfin, au moment de partir, de leur apprendre quelques choses supplémentaires (par exemple le parage, il y en a vraiment besoin !), ils acceptent avec enthousiasme. Ce ne sera pas aisé étant donné qu’ils sont ferrés (très mal d’ailleurs, un cauchemar de maréchal !), mais ça sera toujours mieux que rien…


Sur le chemin du retour (nous prenons un taxi collectif à Chowk bazaar, en contre-bas), je fais part de ma joie à Bidia (celle dont je cherchais le nom hier) et je lui demande pourquoi Yoguesh n’y est pas allé depuis 3 ans, puisqu’ils ont l’air tout de même très coopératifs pour la santé de leurs poneys. Bidia m’explique que leur attitude envers moi est totalement différente de celle qu’ils ont eue envers Yoguesh il y a 3 ans : si j’en crois son récit, ils l’ont complètement ignoré et n’ont écouté aucun de ses conseils, l’accueillant vraiment comme quelqu’un de dérangeant et « inutile ». Il est alors compréhensible que Yoguesh, qui avait déjà beaucoup de travail par ailleurs, ait renoncé à y retourner. Elle m’explique également que le fait que je sois étrangère, d’Europe, et (prétendument) spécialisée en équine joue énormément, d’après elle, c’est l’argument essentiel qui fait qu’ils m’écoutent et acceptent mon aide. Comme quoi, pour une fois, cela a du bon d’être une petite blonde en Inde !

Nous retournons donc à la clinique, où Yoguesh m’attend pour démarrer l’opération d’une tumeur.

Vous trouverez, encore une fois, les photos de cette chirurgie dans la catégorie « photos potentiellement choquantes ». Je me permet juste de montrer ici la première photo, avant de faire quoi que ce soit : à la palpation, le contenu est très liquidien, Yoguesh me dit alors : « ah, c’est simplement un gros abcès, tu peux le faire toute seule, castre-le d’abord puis débride ».

Cet abcès me semble vraiment bien mou et liquidien, mais bon, soit, allons-y. On le castre, je protège la plaie de castration avec un petit pansement provisoire, on le retourne, j’essaie de percer en partie déclive… et là, c’est le drame ! Ce n’est pas du pus qui sort mais…de l’urine. Je constate donc rapidement, à mon grand désarroi, que je viens d’entailler la vessie de ce pauvre chien, et que ce qu’il présente est bien plus grave qu’un simple abcès des sacs anaux, c’est carrément une hernie périnéale !

Déjà qu’en France, je ne serais pas rassurée de me lancer dans une telle chirurgie, mais alors ici, j’étais vraiment très anxieuse. Yoguesh, lui, l’était beaucoup moins, je ne sais pas si c’est parce qu’il était très confiant en lui ou inconscient de l’ampleur de la tâche, mais il s’est attelé aux sutures, sans avoir jamais réalisé la moindre partie de cette chirurgie bien complexe.

Après une suture de la vessie (qui aurait fait hurler plus d’un de mes professeurs de chirurgie, mais c’était vraiment très délicat) et pseudo-épiploïsation , le staff nous aide en levant le train postérieur du chien pour que nous puissions refouler la vessie, la prostate et quelques boyaux dans la cavité abdominale (après rinçage à l’aide d’une solution de métronidazole (antibiotique)). On voit alors bien la brèche dans le plancher pelvien, brèche qui apparemment s’étend à l’autre côté, de façon moins importante toutefois. Nous décidons de refermer cette brèche à droite, mais celle de gauche attendra quelques jours, histoire de pouvoir déjà voir l’évolution de l’animal dans les prochains jours.
Après plusieurs sutures, à différents étages, Yoguesh parvient finalement à refermer cette grosse plaie. Le chien recevra dès son réveil des laxatifs, en espérant qu’il ne fasse pas sauter toutes ses sutures dans les prochaines semaines. Vous l’aurez compris, je ne suis pas confiante du tout, mais bon, on verra bien.

Après un repas rapidement englouti, je décide de faire une petite sieste, le temps maussade et pluvieux (certes moins intense que la veille, mais tout de même) n’incite pas à la balade… je me réveillerai 4h plus tard ! Bon, c’est que j’en avais besoin apparemment.
Je passe alors la fin de l’après-midi et le début de la soirée à confectionner, pour demain, des seringues de vermifuge à partir des bolus, pour les poneys récalcitrants. Opération relativement longue et surtout ennuyeuse, j’en ferai 5 et on verra bien. Cela dit la pâte sort très facilement de mes petites seringues, ça ne devrait pas être trop compliqué à donner. La suite des aventures demain après-midi…




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Commentaires
L
C'est un très bon début comme contact!<br /> Bravo pour ton sens de la com et bonne continuation!
V
elle est chouette cette photo ! <br /> Encore du beau boulot de réaliser , bravo !
A
super ça... et contente pour les poneys
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