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Les tribulations d'une jeune vétérinaire en Inde
Les tribulations d'une jeune vétérinaire en Inde
  • Jour après jour, le journal de bord d'une jeune vétérinaire qui, sitôt la thèse en poche, s'envole en Inde pour 2 mois d'humanitaire à Darjeeling et Kalimpong, dans le Bengal Occidental.
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17 juin 2010

17 juin 2010, émeutes à Darjeeling

Cela aurait du être une journée chargée… ce fut une journée bien vide à la place. En effet, à peine réveillée Yoguesh et Catrina m’expliquent qu’il vaut mieux que je n’aille pas en ville aujourd’hui car un incident hier soir (aucune idée de sa nature) a déclenché des émeutes un peu partout en ville. Tout est donc fermé aujourd’hui (même la poste, les banques etc.) et jusqu’à nouvel ordre et des bandes plus ou moins armées se baladent en ville. Même si les touristes ne sont absolument pas visés par ces conflits (principalement dus à leur réclamation d’un état Gorkha indépendant, car les cultures bengali et nepali sont très différentes et les nepali n’apprécient guère de vivre dans le « Bengal Occidental »), Catrina m’a tout de même conseillé la prudence car une balle perdue peut toujours voler… En général ce n’est pas très violent, mais on ne sait jamais.

 

Donc malheureusement, le traitement de 5 jours des chevaux est fortement compromis… Déjà parce qu’aujourd’hui je n’ai pas pu leur donner le vermifuge du jour 2/5, mais en plus comme les émeutes/manifestations/grèves peuvent durer indéfiniment (et donc paralyser la ville, d’autant plus que la place de Chowrasta, où sont les poneys, est très fréquentée en tant de grève)… ça ne va pas me faciliter la tâche. C’est dommage, je comptais finir les soins aux poneys dimanche matin puis partir à Kalimpong (en vacances au soleil, en gros !).

 

Pour me donner quand même de quoi me « mettre sous la dent », Yoguesh me fait alors stériliser les 3 chiennes attrapées le matin (maigre prise, mais les hommes de l’équipe ont aussi été gênés par ces émeutes puisqu’ils ne pouvaient aller dans Darjeeling), avec petit « bonus » cette fois-ci : on chronomètre ! J’ai pour cette fois, comme la dernière fois, un aide très précieux : Subash. Il va tellement vite que Yoguesh refuse de me compter la première chirurgie car le temps que je me retourne pour prendre les instruments, il est vrai que Subash fait une grande partie de mon travail à ma place ! Donc non validées les 7 minutes 30 secondes… La chirurgie d’après, j’en fais un peu plus, mais je galère sur mon surjet final… 9 minutes 30. Et, effectivement, c’est mon « point faible » car à lui seul, ce dernier surjet me prend 5 minutes. Cela dit, je préfère y passer 3-4 minutes de plus, l’animal étant déjà presque totalement refermé car les couches musculaires sont déjà suturées (donc pénétration de germes très limitée) et avoir un joli surjet d’où rien ne dépasse.

 

Je finirai la dernière chienne (que des jeunes chiennes non pubères, le plus rapide à faire, si l’on trouve l’utérus du premier coup) en 8 minutes 30, joli surjet final compris !

 

Et petite cerise sur le gâteau, une jolie chatte pour finir la matinée, où j’ai pris mon temps car plus très envie de chronométrer. Moins d’une heure après, la chatte repartait avec son propriétaire, même si elle était encore un peu « dans les vappes ». Le propriétaire était d’ailleurs très fier de me présenter sa chatte devant l’appareil photo !

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Le sac de voyage, original ! Cela dit, ça vaut bien mieux que les gens qui ramènent leur chat sous le bras, au risque qu’il s’échappe (phénomène très courant, même en France d’ailleurs).

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En parallèle et après les chirurgies, quelques soins d’animaux de propriétaires. Ici un petit chiot déshydraté que l’on perfuse avec des bolus depuis 3 jours, il va mieux mais ne trouvant plus de veine, les employés du refuge lui font désormais des sous-cutanées de soluté de perfusion.

IMG_1440


Sinon, le chien à hernie périnéale va bien, il a très bon appétit, si j’en crois le fait qu’il ait essayé de me mordre les doigts quand je lui ai donné ses comprimés de laxatif dans des boulettes de viande. D’ailleurs il va falloir que j’y pense, si je veux que quelque chose soit fait (à savoir, dans le cas présent, donner des laxatifs à ce chien, comme je l’avais demandé hier dès la fin de la chirurgie), il vaut mieux que je le fasse moi-même, la mentalité indienne étant du style « oui, bon, on le fera, y’a pas le feu au lac », le chien n’avait pas eu les comprimés que j’avais demandé depuis 24h. Pas dramatique puisque les sutures ont l’air de tenir pour l’instant, mais il va falloir que je le suive de près.

L’après-midi se passe ensuite lentement, nous discutons dans le bureau avec Catrina, Yoguesh et Bidya, je les interview chacun à leur tour pour comprendre leur parcours, leurs motivations, etc. Je posterai donc prochainement (quand j’aurai fait une photo de chaque membre de l’équipe) un article sur les employés de ce refuge.

Après quelques négociations (et l’appui de Catrina), j’arrive à persuader Yoguesh de m’emmener encore une fois au Tibetan Refugee Self-Help Center, pour y trouver les écharpes oranges qu’il n’y avait pas lundi dernier. En effet, cet endroit est peut-être l’un des rares accessible même en période de grèves/émeutes, car il est à plusieurs km de la ville, donc sans danger. La route sera très pluvieuse et désagréable, mais cela en vaudra la peine, car de nouvelles couleurs sont disponibles, c’est pire qu’un magasin de bonbons pour moi ! Trois châles de plus, il va falloir que je calme cette frénésie de « shopping » !

Nous rentrons au refuge, où la jolie Cricket m’attend pour une séance de câlins. C’est vrai que je ne vous ai pas encore présenté Cricket, ma préférée parmi les adultes de ce refuge. Chienne errante, évidemment, au vu de sa marque à l’oreille droite, mais d’une gentillesse et d’une douceur à faire fondre la banquise ! Gourmande invétérée également, je perds tout intérêt à ses yeux si quelqu’un dégaine une sucette à côté de moi !

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Le reste de l’après-midi sera encore une fois monotone, entre la pluie, l’impossibilité d’aller en ville et les coupures de courant…Pas grand-chose à faire ici…Heureusement l’électricité revient, au moins en partie, dans la soirée, ce qui me permet de vous écrire en ce moment.

 

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