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Les tribulations d'une jeune vétérinaire en Inde
Les tribulations d'une jeune vétérinaire en Inde
  • Jour après jour, le journal de bord d'une jeune vétérinaire qui, sitôt la thèse en poche, s'envole en Inde pour 2 mois d'humanitaire à Darjeeling et Kalimpong, dans le Bengal Occidental.
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28 juin 2010

26 juin 2010, journée « apocalypse » et shopping

Titre un peu contradictoire n’est ce pas ? Pourtant il reflète plutôt bien la journée… Le courant ayant été coupé hier soir vers 21h, cela a eu plusieurs conséquences : impossible d’utiliser le moindre ordinateur après 22h (la batterie de leur ordinateur n’ayant pas été chargée à fond), donc ennui profond (car même la TV ne fonctionne pas, évidemment) et, au réveil, pleins de piqures de moustiques partout car mon diffuseur électrique ne fonctionnait pas, évidemment.
L’électricité reviendra vers 10h le lendemain matin, pour laisser place à un autre constat : plus de connexion internet ni de téléphone (fixe)… Arpen, le manager du refuge, ne peut absolument pas travailler, donc c’est congé forcé pour lui. Quant au Dr Pandey et moi, nous prévoyons « courageusement » deux opérations : la première, très simple (stérilisation de la petite chatte tricolore d’hier), la 2e très compliquée, à savoir retirer une tumeur sur la gorge d’un vieux chien. Sans avoir vu l’animal, j’avais déjà fait part la veille au Dr Pandey de ma réticence à opérer une tumeur localisée à cet endroit, en raison de l’affluence de vaisseaux sanguins et nerfs de première importance dans la zone. Malgré tout, l’animal est anesthésié, et en l’observant, le Dr Pandey m’appelle (je finissais la suture de la chatte) :


La jugulaire, indiquée par la petite flèche bleue, est complètement entourée par la tumeur. Impossible par conséquent d’espérer faire une belle marge de 2cm autour de la tumeur. En conclusion, nous ferions plus de mal que de bien en opérant, dans l’hypothèse (miraculeuse à mon avis) où nous ne léserions rien au cours d’une chirurgie longue et compliquée. De plus le chien en question a déjà 14-15 ans et la tumeur progresse lentement, depuis un bout de temps. Il n’y a donc vraiment pas d’intérêt à l’opérer, et nous le laisserons se réveiller sans le charcuter inutilement.

Suite à cette chirurgie avortée, l’accro à internet que je suis tente alors de se reconnecter via l’ordinateur du bureau, puisque l’électricité est (enfin) revenue. Cruelle déception : la ligne est coupée pour une durée indéterminée, mais il ne faut pas espérer grand-chose du week-end. Mais cela je ne le saurai que le soir en revenant au refuge…

Après le repas du midi, nous nous apprêtons à partir avec le Dr Pandey pour le centre ville (nous sommes à 10 minutes de voiture, en roulant à 15km/h de moyenne, ce n’est pas trop loin mais très pentu par endroits) quand un employé du refuge nous interpelle : le jeune berger allemand d’hier après-midi, que nous venions de reperfuser et qui semblait aller mieux vient de mourir dans sa cage à l’instant… Grosse incompréhension de ma part, mais visiblement je n’avais pas toutes les cartes en main. En effet, le Dr Pandey, qui était bien moins étonné que moi, m’a dit que les propriétaires lui avaient donné au téléphone bien plus de détail qu’à moi (en népali, forcément…). Le jeune chien n’était pas malade depuis 3 jours, mais plus de 2 semaines, et il a présenté vraisemblablement des signes neurologiques ces derniers jours. Je me demandais effectivement pourquoi il tremblait légèrement pendant la perfusion… D’après le Dr Pandey, cela pourrait être un cas de « canine disempter », terme que je n’arrive pas à traduire car cela ne tilte pas dans mon esprit, signes neurologiques et gastriques provoqués par un virus…un encéphalite ? Je n’en sais trop rien, n’ayant pas eu l’anamnèse complète, il m’est un peu difficile de voir le « cas » globalement… et n’ayant pas internet pour chercher la moindre information de traduction, je suis contrainte d’en rester là…

Nous arrivons donc au centre-ville de Kalimpong, sous la pluie. Commence alors une après-midi de shopping intensif ! Grâce au Dr Pandey, j’obtiens des commerçants qu’il connait d’excellents prix (c'est-à-dire des prix d’indiens et non pas d’européens) pour des pashminas de plus ou moins bonne qualité. J’en prendrai deux splendides d’excellente facture, et deux autres de qualité dite « moyenne »… le genre de pashmina que l’on qualifie déjà « d’excellente » en France…

Petit interlude d’ailleurs sur la pashmina, puisque la science c’est comme la confiture… La pashmina est, littéralement, le poil d’une petite chèvre de l’Himalaya, différente de la chèvre « à Cashmeer ». Plus elle vit en altitude, meilleur est le poil. Il s’agit en effet d’un poil (et non pas d’une laine, le Dr Pandey me l’a bien expliqué) d’une épaisseur de 15 µm (un cheveu humain fait 75µm à titre de comparaison), et seule la partie sur le cou de l’animal est récoltée. Il faut donc une dizaine de chèvres pour produire une seule étole/écharpe, principale destination de ce matériau particulier.

Afin de laisser le Dr Pandey travailler, je continue mes pérégrinations dans Kalimpong seule, pour me rendre au Haat Bazaar, un grand marché bi-hebdomadaire.










On y trouve principalement des légumes, mais également beaucoup de vendeurs d’épices (dont une dame extrêmement sympathique avec laquelle je discuterai 10 bonnes minutes pour comprendre de quoi sont fait leurs « masala » (littéralement « mélange »). Pour voir, car dans ma tête c’était des mélanges tout prêt et elle piochait dans un seul pour me servir, je lui demande donc un peu de chicken masala, pour 10 roupies. Et la voila qui commence à piocher dans un nombre impressionnants de sacs ! Très gentiment, elle acceptera de me détailler les différentes épices qu’elle vient de choisir.
Donc, pour un « chicken masala » classique, il faut (en quantité variables, mais chaque personne a sa propre manière de faire) :
- Poudre de cumin
- Poudre de coriandre
- Poudre de cardamome
- Poudre de clou de girofle (je ne savais même pas que cela se broyait)
- Cannelle
- Poivre noir moulu

Vous auriez sans aucun doute trouvé la recette sur internet, mais la voici donc de la bouche d’une vendeuse d’épices indienne !

En sortant de Haat Bazaar, je continue mon agréable errance dans la ville, croisant les chèvres, les chiens errants, les chats… c’est d’ailleurs la première fois que je vois des chèvres dans un marché !

J’achète quelques pantalons amples, très agréables à porter pour trainer à la maison ou sous un sari, sari que je cherche d’ailleurs sans grand espoir d’en trouver un jour un qui me plaise…Jusqu’à ce que je retourne dans le magasin que j’étais allé photographier la dernière fois, où cette fois-ci je demande un sari en synthétique (la soie n’étant pas travaillable pour faire un sari « à l’européenne » d’après un ami du Dr Pandey) et où le vendeur me présente ces deux saris. Le premier bleu est moins « flashy » que sur la photo, le flash renforce la couleur. Je ne prends pas de décision pour le moment, je reviendrai, accompagnée du Dr Pandey pour avoir un prix « à l’indienne » (cela énerve le Dr Pandey que les marchands me fassent payer plus cher donc il insiste pour venir dès que j’ai un achat important à faire. Cela dit, je ne peux que le remercier car sans lui les prix doublent !).





Le fils du marchand


Je continuerai encore à chercher des « blouses » à porter à la maison, mais décidément, les gouts des indiens et les miens ne sont pas exactement les mêmes…


Je reviendrai au refuge en taxi partagé, « escortée » par 3 jeunes hommes très bavards et amateurs de football… et une fois de plus, j’ai maudit l’équipe de France d’avoir perdu, car j’en prends pour mon grade à chaque fois. Cela dit, l’argument imparable, ici, c’est de lancer le sujet sur l’équipe indienne de foot ! En effet, à part le cricket, ils ne sont pas très sportifs…sauf devant la télé ! Enfin un point commun entre indiens et français…

Arrivée au refuge, je constate à regret qu’il n’y a toujours ni téléphone ni internet, la soirée s’annonce monotone… J’en profite alors pour étaler mes « prises du jour » sur mon lit, pour prendre une petite photo (les très belles pashminas ne sont pas prises en photo, puisque c’est une surprise).
Vous noterez le « petit » paquet bleu au milieu : 1kg de finger chips ! (oui Anaïs, pour toi !)


Heureusement, pour « sauver » ma soirée, le pavillon où dormait Yoguesh est ouvert et j’ai accès à la télévision… Ils passent d’ailleurs de temps en temps des films français, celui de ce soir s’appelle (en anglais) « Three Colour Red », un film des années 80 apparemment, qui n’est, pour sûr, pas resté dans les annales.

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Commentaires
P
Par curiosité, j'ai voulu savoir où tu en étais de ton périple, je découvre au fil des pages ton extraordinaire aventure. Sache que ton blog est très agréable à lire, on dirait un roman d'aventures que j'adore. Je te félicite, je pense que tu pourras en faire quelque chose de ces écrits. Sinon je voulais te dire que la "canine distemper" est la maladie de carré, ce qui colle parfaitement avec ton tableau clinique multiorganique et touchant préférentiellement le système nerveux et digestif. J'aurai bien aimé pouvoir voir ce chien, c'est un cas intéressant. Et au fait pour la tumeur à la jug, je crois que vous avez bien fait de ne pas ouvrir... LOL Il fallait appeler carozzo sinon...Je te fais de grosses bises et te souhaite encore de bons moments en Inde. Pioupiou
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