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Les tribulations d'une jeune vétérinaire en Inde
Les tribulations d'une jeune vétérinaire en Inde
  • Jour après jour, le journal de bord d'une jeune vétérinaire qui, sitôt la thèse en poche, s'envole en Inde pour 2 mois d'humanitaire à Darjeeling et Kalimpong, dans le Bengal Occidental.
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1 juillet 2010

Darjeeling, le pays du thé…. et de la Marie-Jeanne ?

Etrange découverte que celle de ce soir. Pour une fois je commencerai ce récit par la fin en vous racontant l’anecdote que je viens de vivre : en discutant avec Yoguesh, Subash et Lil, ils m’ont appris que la marijuana était une plante très courante en Inde (j’en avais entendu parler, mais bon, ce n’est pas vraiment mon sujet principal concernant ma venue en Inde) et particulièrement dans le coin. Les gens d’ici l’utilisent même pour soigner les vaches ayant la diarrhée ! Voila une nouvelle qui devrait intéresser les agriculteurs français ! Je savais qu’en France des études sur les effets positifs du DHEA avaient été menées, mais de là à les appliquer aux vaches, j’avoue que je n’y avais jamais songé. En rigolant, Yoguesh m’annonce que si je veux en voir (et plus si affinités), elle pousse même autour du réservoir d’eau du refuge ! Bon, ce n’est pas du tout mon intention, mais tout de même, ça fait assez bizarre. Je dois vraiment être « fussy » comme Yoguesh dit !

Ce ne fut heureusement pas le seul sujet de conversation de la soirée, mais je raconterai les autres plus tard car il est temps de reprendre le cours de ce journal (un peu de rigueur tout de même).

La matinée commence doucement, Catrina et Yoguesh m’annoncent qu’ils vont manger en ville chez les parents de Yoguesh, donc je gère le refuge « seule ». Soit, ce n’est pas trop compliqué en soit et il y a rarement beaucoup de cas. Mais forcément, LE matin où je suis seule, les propriétaires décident de venir tous en même temps. Quatre consultations ce matin, alors qu’on en a maximum 2 en temps normal. Bon, vous me direz, 4 consults en une matinée, ça devrait être parfaitement gérable, mais parmi elles, il y avait Buddy, le jeune labrador de 6 mois qui vient presque tous les jours depuis 15 jours (c’était Yoguesh qui le gérait à chaque fois), et qui aujourd’hui va vraiment mal. Il a vomi dimanche et depuis hier il ne mange plus, il est vraiment apathique (mais gobe les mouches en vol… un vrai labrador !).

Je l’examine attentivement, et remarque qu’en plus d’avoir des fréquences respiratoire et cardiaque élevées, il a les muqueuses un peu pâles… anémie ? Impossible à prouver sans analyse sanguine. Mais je le note et par précaution il recevra des antibiotiques par voie orale (nous n’avons aucun antibiotique en injectable au refuge qui ne soit pas dangereux pour les chiots en croissance) et un vermifuge (et une perfusion, même si j’estimais qu’elle était inutile, mais ils aiment bien perfuser au refuge). Au moment de renvoyer le chiot chez lui, il se met à respirer très difficilement, s’allonge sur le côté… je l’ausculte, pas d’œdème pulmonaire a priori… mais qu’est ce qu’il a donc ? Dans le doute il recevra de la dexaméthasone (corticoïde) et ira mieux en deux minutes. Ouf, la partie semble gagnée ! (pour le moment du moins).

Sur ces entrefaits, Yoguesh et Catrina reviennent, cette dernière ne va toujours pas mieux et le repas très lourd n’aidant pas, elle va se coucher et je ne la reverrai pas de toute la journée. Avec Yoguesh nous discutons de ce cas, et pendant nos élucubrations sur les possibilités de diagnostic ou les possibilités de faire une analyse sanguine (ce qui se révèlerait extrêmement compliqué), le chiot, qui était resté au refuge car la grève entre 11h et 13h empêche toute voiture de circuler, se met à vomir presque à nos pieds. Avec, évidemment, les antibiotiques et le vermifuge dans le contenu stomacal au sol…. Chouette, il ne manquait plus que ça !

Nous décidons alors de prendre le taureau par les cornes, et passons aux antibiotiques en injectable. C’est risqué sur un chiot en croissance, à cause des potentielles lésions sur le cartilage, mais nous pesons longuement le pour et le contre, et vu son âge et son poids (25 kg), nous décidons de prendre le risque d’une injection afin de visualiser l’évolution. Il reçoit également une injection de métoclopramide (anti-émétique) et sera vermifugé demain s’il va mieux… A suivre…


Yoguesh me montre alors le petit cadeau qu’il m’a ramené : il voulait me ramener encore ces délicieux samossas que j’avais adorés la veille, mais il n’y en avait apparemment plus. Il a donc choisi à la place des immerti. Au début j’ai cru que c’était des jelebi, ces confiseries orange atrocement sucrées mais c’est pire ! Ces bombes caloriques sont faites de sucre et de ghee (beurre clarifié). Autrement dit, c’est délicieux, et on a un sentiment de remord irrépressible mêlé à une satisfaction intense en croquant dedans !



Il faudrait d’ailleurs que je pense à faire un article sur les confiseries ici, car même si les desserts ne font pas partie du repas habituel des indiens, il n’empêche que les talents culinaires de ces derniers ne s’arrêtent pas à la préparation des plats salés ! Alors si vous aimez les confiseries sucrées à en être écœurantes après deux bouchées, cet article vous ravira certainement !

Une petite confiserie que j'aime beaucoup, des sortes de caramels friables


Le reste de l’après-midi ne sera guère animé, et pour cause, tout le monde fera la sieste ou presque ! Ah ça bosse dur en Inde ! La raison de ce creux dans l’activité du refuge est que la rotation des équipes entre les refuges est proche et que Subash vient tout juste de revenir de Kalimpong. Quid de la rotation ? Je viens de comprendre le système : quand le refuge de Darjeeling a été construit, il y a à peine plus de 18 mois, pour avoir des équipes déjà compétentes et entrainées, l’équipe de Kalimpong a été séparée en 2 équipes de 3-4 personnes qui tournent entre Kalimpong, où elles vivent, et Darjeeling, où elles sont logées au refuge. Une personne plus physionomiste que moi l’aurait sûrement remarqué plus tôt, mais je suis un peu longue à la détente. Donc demain Lil part, apparemment Rudra reste (Saila habite dans le coin, c’est le seul « nouveau » de l’équipe) et Subash également car il nous faut un chauffeur et le chauffeur attitré de Kalimpong doit y rester pour raisons personnelles. Donc l’activité principale (stérilisations) devrait redémarrer dimanche ou lundi.

La soirée se passera en discussions, avec Yoguesh d’abord, puis Subash et Lil nous rejoindront. Ils me raconteront les pires camps qu’ils ont vécu, comme celui de 7 jours à marcher 6h par jour, 4h entre chaque village et 2h pour trouver un endroit où dormir, aucune route pratiquable, donc tout le matériel chirurgical transporté à dos d’homme, où il y a eu une tempête une nuit et où ils n’avaient même pas de couverture pour se couvrir et où certains comme Rudra étaient supposés dormir sur le balcon, en pleine tempête ! bref, il y a des fois où c’est un sacré challenge à relever, les programmes de stérilisation !

Subash m’a ramené également un petit cadeau de Kalimpong, un drôle de fruit, je le garde en main en prévoyant de l’examiner plus tard, pensant que c’est quelque chose de nouveau et inconnu. Mais sur demande de Yoguesh je l’écrase dans ma paume et… c’est simplement un fruit de la passion ! Délicieux d’ailleurs. Yoguesh embraye alors sur les récits des anciens bénévoles, et je me rends compte que parmi les personnages hauts en couleur qu’ils ont pu recevoir, je dois faire pâle figure !

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