22 juillet 2010, ambiance tendue…
Réveil tardif ce matin, mais encore suffisamment tôt pour voir le staff
revenir avec… 14 chiens dans le coffre ! Mais pas de possibilité de
retourner en attraper demain (chenil plein), donc on en fera la moitié
ce matin et l’autre moitié demain matin…
La préparation commence comme à l’accoutumée, Yoguesh peu motivé pour
opérer me demande si ça ne m’embête pas de commencer, et évidemment
j’accepte avec joie ! Mais au moment d’appeler Subash, l’ambiance se
dégrade d’un coup et une discussion vive et peu amicale s’engage entre
lui et le vétérinaire. Je ne comprends pas un traitre mot de népali,
mais au ton employé, ça n’était guère amical.
Subash s’en va en claquant la porte et Yoguesh me dit alors que la
chienne que je suis en train d’opérer ce sera la seule de la matinée…
ah, mince. Rudra se prépare pour m’assister, car même sur une seule
chirurgie, je ne peux y arriver seule, d’autant plus que celle-ci
prévoit d’être compliquée… Elle le fut en effet, chienne ayant mis bas
il y a peu, utérus très irrigué et fragile… on en a bavé avec Rudra,
mais on a fini par tout refermer sans que ça ne saigne de partout…bref,
pas la plus belle chirurgie du siècle, mais au moins la chienne va
bien, c’est l’essentiel à mes yeux. Une fois cette chirurgie finie, le
reste du staff me demande timidement si ça ne me dérange pas de
continuer, car visiblement ils n’ont pas l’intention de rester à se
tourner les pouces pendant que Yoguesh passe coup de fil sur coup de
fil, sans se défaire de son énervement. Rien ne saurait me faire plus
plaisir que d’opérer, à ce moment-là, pour me changer les idées, et
nous ferons au final, en effectif réduit, 4 femelles et 2 mâles.
En début d’après-midi, un homme nous ramène son chien, un berger
allemand de 8 ans, qui vient de s’effondrer en pleine rue. Le chien a
juste refusé de manger la veille, mais aucun autre signe. Nous le
mettons directement sous perfusion et à la lumière de l’examen clinique
et des réponses du propriétaire à nos questions, nous pensons avoir
affaire à une insuffisance rénale aiguë. Le problème, c’est qu’ici il
n’y a pas de quoi traiter une telle affection, à peine du soluté de
perfusion et du furosémide… Nous lui administrerons donc le peu que
nous pouvons, sans même avoir la possibilité d’aller à la pharmacie de
Darjeeling car aujourd’hui un meeting est prévu (d’où le grand drapeau
de la veille que j’ai pris en photo) et tout est bloqué comme un jour
de grève…
Pendant plus d’une heure le pauvre chien se battra mais malgré tous nos
efforts, nous ne pourrons pas le sauver, et même si c’était couru
d’avance, j’ai une fois de plus ce sentiment amer de l’impuissance face
à la souffrance…
Un petit rayon de soleil cependant dans cette journée nébuleuse à plus
d’un point de vue : les dons de matériel et médicaments affluent plus
que je ne l’aurais espéré, et mon petit ami arrivera la semaine
prochaine à Darjeeling avec un sac dont la moitié sera occupée par des
dons provenant principalement du forum 1cheval.com, mais aussi quelques
amis et bénévoles de ma spa locale. Un immense merci à tous !!!
En fin d’après-midi, la fin me tiraillant le ventre, je me rends à
la cuisine où le repas du soir est en train d’être préparé. La préposée
à la cuisine me fait goûter le plat du soir, apparemment au goût de
crevette… Cela dit, leur manie de mettre les viandes et poissons
entiers dans les plats me répugne de plus en plus. Passe encore pour le
poulet, même si ce n’est guère agréable de croquer dans un os qu’on a
oublié et de devoir manger avec les doigts des plats en sauce, mais la
tête du poisson dans ce qui ressemble à un wok ou la carapace et la
tête des crevettes dans le plat de ce soir… Je n’ai pas pu, car en plus
le goût était assez infâme, et moi qui rêve depuis plusieurs semaines
de manger de belles grosses crevettes roses à mon retour en France, ça
m’a calmée d’un coup !
Pour autant, j’ai quand même bien fait de faire un tour dans la cuisine
car en parallèle le cuisinier du refuge (la femme est la cuisinière
personnelle de Catrina et Yoguesh) préparait des pakora, à savoir un
mélange d’oignons émincés et de farine de pois chiche légèrement
humidifié que l’on plonge dans la friture… évidemment, pas léger-léger,
mais délicieux, j’en referai en France à coup sûr !