10 juillet 2010, chirurgies et vadrouille en ville
Drôle de journée que celle d’aujourd’hui… Pour une fois, j’étais debout
plus tôt que Yoguesh et j’ai donc commencé les premières consultations,
pendant que le staff préparait les 13 stérilisations de la matinée. Le
carlin d’avant-hier est revenu, il allait de mieux en mieux aux dires
des propriétaires mais était toujours à presque 40°C de température…
Avec l’accord de ses propriétaires, il recevra le même traitement que
la veille, et si demain la température n’a pas diminué, nous irons
faire une prise de sang (enfin, lundi plutôt). Une jeune chienne est
arrivée, mais ses propriétaires parlant peu anglais, la conversation
fut difficile, et ce n’est que grâce à l’intervention de Rudra que j’ai
pu enfin savoir que la chienne ne mangeait pas depuis 2 mois (car à
part « not eating », ils ne savaient pas dire grand-chose d’autre) et
que ses selles étaient blanches… Avec l’aide de Yoguesh, que j’ai du
sortir du lit pour l’occasion, nous avons donc fouillé l’armoire
magique (= armoire à médicaments) pour trouver un traitement de soutien
pour le foie. J’aurais bien voulu investiguer plus en profondeur le
souci, mais sans examen complémentaire disponible… On applique donc le
désormais classique « wait and see ».
Les stérilisations démarrent, 12 chiens errants, 6 femelles et 6 mâles,
et une chienne de propriétaire. Yoguesh commence et je l’assiste pour
la première chienne (qui se révèlera pleine), puis je stérilise la 2e
chienne avec Subash, puis pour la chienne de la propriétaire, étant
donné que cette dernière était à moitié tombée dans les pommes à
l’induction de l’anesthésie, Yoguesh a préféré le faire lui-même, puis
il m’a passé les rênes pour le reste de la séance. Soit, en tout pour
moi ce matin, 5 chiennes et 6 chiens opérés quasiment d’affilé… et dire
que je me demandais pourquoi j’avais un coup de mou à la fin !
La stérilisation de la chienne gestante.... avec une cicatrice de moins de 35mm au final!
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Après un repas bien tardif (nous avions commencé à stériliser à 10h30
passées et je ne fais « que » 4 chiennes à l’heure), petit repos avant
d’aller en ville pour chercher de la viande pour les chiens du refuge.
Intéressant d’ailleurs, ici les chiens mangent un peu de viande tous
les jours, et c’est…du bœuf ! J’étais persuadée que dans un refuge où
quasiment tous les employés (à part Catrina, en fait) sont hindous, la
viande de bœuf n’aurait pas lieu d’être, mais en fait si, les chiens y
ont droit tandis que les humains se l’interdissent.
Je profite donc de la voiture du refuge pour aller en ville, et je vais
me perdre, comme à mon habitude, dans Chowk Bazaar, où il y a toujours
quelque chose à faire, à acheter, à déguster ou à prendre en photo.
Cette fois-ci ce sera une part de gâteau, de l’encens et une nappe (en
espérant que ma sœur comprenne qu’un « motif très simple », pour un
indien, ce n’est pas exactement pareil que pour un français…). En
rejoignant Yoguesh au centre-ville, je rencontre par hasard un
photographe français qui est ici pour prendre des clichés de la mousson
pour les exposer dans une galerie parisienne. Cela fait un mois qu’il
vadrouille à travers le pays et il est, comme moi, heureux de
rencontrer quelqu’un parlant la langue de Molière ! Malheureusement la
lumière étant déjà en train de décroître, il me donne rendez-vous pour
que nous discutions un peu plus en fin d’après-midi et il part
travailler. Je prend donc congé de Yoguesh qui rentre au refuge et je
me balade en ville, en attendant d’aller à l’Elgin (l’hôtel où nous
avons rendez-vous). Malheureusement sous la pluie, ce n’est pas très
intéressant, si l’on n’est pas photographe professionnel, mais
heureusement j’ai quelques idées pour occuper le temps : entre les
boutiques de thé où je pose des questions (je connais désormais la
différence entre le thé noir, vert et blanc), les échoppes de pashminas
où je m’en met plein les yeux et les agences de voyage où je découvre
des circuits tous plus intéressants les uns que les autres, je ne vois
pas le temps passer.
Il est 18h, je me dirige vers l’Elgin, un superbe hôtel colonial non
loin de Chowrasta, dont le nom m’évoque le luxe, si j’en crois les
dires de mon éternel Lonely Planet. Hé bien… c’est tout à fait ça, mais
c’est agréable et convivial au possible. Même si je me sens un peu mal
à l’aise dans le salon impeccablement meublé de la réception, avec mes
godiots qui ont étrenné je-ne-sais-combien d’écuries et de champs
pleins de boue, je ne peux qu’apprécier avec délectation le confort des
coussins moelleux sur lesquels je ferais bien un sieste.
J’avais oublié de préciser au photographe que je ne pourrais pas rester
longtemps car les derniers taxis collectifs pour Lebong partent très
tôt, vers 19h dernier délai. Je quitte donc cet hôtel douillet à
regret, en laissant un mot à Christophe (c’est son nom), pour qu’il
vienne faire des photos à Lebong si l’envie lui prend.
La vue sur Darjeeling à la tombée de la nuit
Je descends les rues de Darjeeling au pas de course (et là je me
rends compte que je commence à bien connaître ce petit coin de ville)
et j’arrive pile à temps pour prendre un taxi collectif, qui sera
étonnamment vide (7 passagers au lieu des 17 habituels). Néanmoins,
même s’il n’est pas recommandé pour une fille de se balader toute seule
en pleine ville la nuit, le retour vers Lebong à la nuit tombée sera
très agréable, avec une magnifique vue sur le Sikkim et une nuit qui
promet d’être plutôt claire. J’appréhendais beaucoup la descente à pied
jusqu'au refuge, connaissant d’avance les endroits où je trébucherais
sur les nids d’autruche, mais finalement ça ne se fait pas trop mal,
même en lisant ses mails sur le téléphone en marchant !
J’arriverai dans un refuge éclairé à la bougie, car l’électricité est,
une fois de plus, coupée et Yoguesh me fera déguster un dessert
ressemblant étrangement à un yaourt, mais très doux et légèrement
grumeleux. Je profiterai de l’occasion pour féliciter Bhupendra,
l’enfant recueilli par le refuge, qui est arrivé 4e de sa classe ce
semestre. Quelques progrès à faire en mathématiques, mais il a promis
de faire des efforts. Un chouette gamin, qui a vécu des choses vraiment
pas faciles et que l’on ne souhaiterait à personne, et qui a su saisir
la chance qui lui a été donnée de pouvoir avoir une scolarité classique
et peut-être, pourquoi pas, un jour faire des études…