20 juillet 2010, le jour des français !
Journée un peu particulière aujourd’hui puis que j’ai rencontré… non
pas 1, non pas 2… mais TROIS français ! Dans Darjeeling au moment de la
mousson, ça relève presque de l’exploit !
La journée a commencé par la visite de notre petit Saint-Bernard, Bravo
(c’est son nom), qui tousse et fait une poussée de fièvre. On ne
répètera jamais assez que retirer un chiot très tôt à sa mère le
prédispose aux ennuis de santé (celui-ci a été retiré à sa mère à l’âge
de 20 jours !), et la mousson n’aide pas vraiment…. Alors antibiotiques
pour le mini mastodonte, en espérant que ça passe vite.
Ensuite, stérilisations, 9 en tout, pour ma part j’ai fait un mâle et 3
femelles, dont une pleine, ma première ! Finalement ce n’est pas plus
compliqué qu’une stérilisation normale, hormis que l’on pose plus de
sutures vue la taille des vaisseaux sanguins et que l’ouverture est
forcément plus grande, pour pouvoir sortir les ampoules embryonnaires.
Pendant cette chirurgie un peu spéciale, Bénédicte est arrivée.
Bénédicte, c’est une française vivant à Siliguri que j’avais
furtivement croisé au refuge quelques semaines auparavant et qui venait
pour manger un bout avec moi ce midi. C’est une femme adorable,
pétillante et pleine de vie, mais qui déprime un peu depuis qu’elle est
venue s’installer à Siliguri pour y rejoindre son indien de mari.
Siliguri est la grande ville du coin, la 2e plus grande du Bengale
Occidental après Calcutta, elle fait 1,5 millions d’habitants et se
situe à 3h de route de Darjeeling, dans la vallée (près de l’aéroport).
Pourtant, malgré sa taille imposante (quoique pour l’Inde c’est une
petite ville), c’est un désert culturellement parlant et les gens y
sont, aux dires de Bénédicte, peu aimables voire même mal intentionnés
envers les étrangers, particulièrement les femmes. Rien que ses voisins
la prennent pour une fille de peu de vertu parce qu’elle ne vit pas
chez ses beaux-parents… ça donne le ton ! En trois mois, cette fille
hyper joviale avec laquelle j’aurais pu discuter des heures sans
m’arrêter (ce que nous avons fait d’ailleurs) n’a pu se faire que 2
amis, et encore, la 2e se révèle fourbe et voleuse, et la première est
une missionnaire américaine…
Nous partons donc pour le Glenary’s, un café très apprécié des
touristes, à juste titre (pour la qualité de la nourriture et la vue,
même si en période de mousson la vue est complètement bouchée). Pendant
deux bonnes heures, nous nous racontons nos vies, refaisons le monde,
elle me raconte particulièrement la difficulté de vivre en tant que
femme occidentale en Inde (difficulté que Catrina avait d’ailleurs
également soulevé lors d’une discussion le mois dernier)… il semble que
vivre en Inde n’est pas une sinécure pour une occidentale et pour
l’instant, tous les étrangers vivant en Inde me paraissent limite
regretter leur choix…. Pour des raisons totalement différentes, cela me
fait penser à Paris : tout le monde rêve d’y aller en vacances, mais
beaucoup refuseraient d’y vivre…
A la sortie du Glenary’s, nous nous amusons à prendre les superbes
gâteaux d’anniversaire en photos, ainsi que les pâtisseries dorées
A un autre café-terrasse (autre repère de touristes) où nous prenons un
thé avant que Bénédicte ne doive partir pour saluer ses beaux-parents
puis rentrer sur Siliguri avant que la nuit ne tombe, nous tombons sur
deux autres français, touristes cette fois-ci, de passage à Darjeeling.
Nous décidons, après le départ de Bénédicte, d’aller nous promener
ensemble dans Chowk Bazaar puis sur Observatory Hill, histoire de leur
faire découvrir quelques curiosités de cette ville.
Observatory Hill est la colline dominant les environs, où s’élevait
jadis le Dorje Ling, gompa (monastère) qui donna son nom à la ville. Le
gompa a aujourd’hui laissé place à une sorte de parc aux multiples
petits monuments où les hindous viennent se recueillir. Pour les
étrangers, c’est avant-tout un lieu extrêmement coloré et peuplé de
singes chapardeurs.
L’entrée
Les innombrables drapeaux
Ces drapeaux de prière ne servent pas qu’à faire jolis… ils servent aussi de balançoire aux singes !
Une femelle et son petit
Ces singes ont l’habitude d’être nourris plus ou moins volontairement
par les touristes. Certains sont dont légèrement entreprenants, voire
agressifs quand ils sentent de la nourriture ou voient un objet
intéressant. Cependant, comme ils se trouvent sur le chemin, il faut
bien parfois essayer de passer à côté…
Le mâle sur la photo ci-dessus se révèlera étonnamment calme et
inoffensif, posant presque pour la photo (j’en ai plusieurs de lui avec
différentes mimiques)
En redescendant d’Observatory Hill, je prends congé de mes amis du jour
pour continuer mes pérégrinations seule. Il faut dire qu’il est déjà
17h, les dernières jeep pour Lebong ne vont pas tarder à partir et j’ai
encore plusieurs courses à faire. Tout d’abord, trouver du sel, des
allumettes et une cigarette. QUOI ? Aline fume ? Que nenni, ces trois
éléments vont s’avérer indispensables durant notre périple dans le
Sikkim, avec mon chéri, afin de faire fuir (ou tomber) les sangsues… En
effet, apparemment (je vous le confirmerai dans un petit mois) les
sangsues répugnent le sel, donc en se tartinant le bas des jambes de
sel (j’imagine déjà le bonheur au bout de 7 jours…. Aie aie aie…), on
prévient l’accrochage de sangsues (très courantes dans le Sikkim,
particulièrement en période humide), et en cas de « morsure », il faut
approcher la chaleur d’une cigarette pour les faire tomber. Allumettes
rapidement trouvées, sel également, même si je n’emmènerai probablement
pas tout le kilo que j’ai du acheter (mais à 8 roupies le kg de sel, je
n’avais pas envie de chercher plus longtemps), il ne reste plus qu’à
demander une cigarette à Yoguesh et le tour est joué !
Je décide également, et là ce n’était pas l’idée du siècle, de demander
à un marchand de me préparer un paan, c'est-à-dire une espèce de
préparation à chiquer, à savoir une feuille pliée dans laquelle une
bonne dizaine d’ingrédients sont ajoutés un par un. Intéressant à
regarder lors de la préparation, et assez joli avant pliage.
Mais alors le mettre en bouche, c’est une autre histoire ! Les indiens
ont l’habitude de chiquer, nombre d’échoppes vendent des sortes de
cubes ressemblant vaguement à des bouts de fromage (en plus d’en avoir
légèrement l’odeur), des demi noix d’arec, et ces fameux paans en
préparation extemporanée, mais je n’arrive pas à comprendre comment ils
mettent cela en bouche sans avoir des joues de hamster ! D’autant plus
que je m’imaginais qu’un paan était agréable à chiquer, mais j’avais
comme un gout de… produit vaisselle ? oui, c’est bien le mot, produit
vaisselle dans la bouche ! ça doit être le lime, seul ingrédient dont
j’ai osé demander le nom dans cette préparation. Au bout de 2 minutes à
avoir l’air ridicule (j’ai d’abord croqué dedans pour en prendre
seulement une moitié, selon les conseils de l’homme qui l’avait
préparé) avec mes joues de hamster et mon paic citron en bouche, je
m’en suis débarrassée à l’indienne, c'est-à-dire en le jetant dans un
coin de rue…. Heureusement, c’est biodégradable, contrairement à la
majorité des déchets jetés dans la rue ici…
(Ensuite retour sur Lebong en jeep et soirée tranquille, rien de bien intéressant à raconter!)
Ah si, une jolie photo prises dans Chowk Bazaar